A la cour d'Angleterre

Anne Boleyn, épouse et victime d’Henry VIII

Née vers 1501  – certains historiens avancent l’année 1507 – en Angleterre, dans le comté de Norfolk, Anne est la fille du diplomate Thomas Boleyn (1477-1539) et d’Elisabeth Howard (1484-1538). La jeune fille fait son éducation aux Pays-Bas avant de rejoindre la cour des Valois En effet, la ravissante Anne fait partie de la suite qui accompagne la jeune Marie « Rose » Tudor  – sœur du roi d’Angleterre Henry VIII – en France, lorsque la princesse épouse le roi Louis XII, en 1514. Anne n’est pas d’une grande beauté mais possède un charme naturel,  qui la  met en valeur, et elle se fait très vite remarquer à la cour de France.

A la mort de Louis XII en 1515, son cousin, François d’Angoulême, monte sur le trône sous le nom de François Ier. Anne devient alors dame de compagnie de la nouvelle reine, Claude de France, et joue les interprètes lorsque la cour française reçoit un représentant anglais. Ayant entendu parler des qualités d’Anne, – notamment par sa sœur Mary Boleyn qui fut un temps sa maîtresse – Henry VIII obtient du roi de France que la jeune femme soit attachée au service de la reine d’Angleterre, Catherine d’Aragon. Ainsi, en 1522, Anne Boleyn s’en retourne en Angleterre, ayant terminé son éducation. Depuis 1509, le roi d’Angleterre est marié à l’Infante de Castille, qui ne lui a donné que des enfants morts en bas âge, à l’exception d’une fille prénommée Mary. Épris d’Anne, Henry VIII désire en faire sa favorite, et dés 1525, il la couvre de cadeaux et de lettres enflammées, bien qu’il n’aime pas particulièrement écrire.

Anne Boleyn, par l'école anglaise (vers 1525)
Anne Boleyn, par l’école anglaise (vers 1525)

Or, au lieu de succomber, Anne Boleyn quitte la cour et fait entendre au roi qu’elle ne veut pas être qu’une maîtresse, qu’il finira par délaisser pour une autre : elle résiste à ses avances. Pour l’avoir, Henry VIII doit l’épouser. Etant soucieux d’avoir une descendance, Henry VIII demande au Pape Clément VII de bien vouloir faire annuler son union avec Catherine d’Aragon, afin qu’il puisse convoler avec Anne Boleyn. Le Saint-Père refuse : le mariage du roi ayant été consommé et n’ayant pas été stérile, il est impossible de le dissoudre. De plus, le roi d’Espagne, Charles Quint, neveu de Catherine d’Aragon, menace le Pape d’envahir Rome si ce dernier cède au roi d’Angleterre. Furieux, Henry VIII passe outre, abandonne la religion catholique et épouse Anne le 25 janvier 1533, après avoir répudié Catherine d’Aragon. L’année précédente, Henry VIII avait titré Anne Boleyn marquise de Prembroke, celle-ci devenant la première femme à être anoblie sans devoir son titre à un héritage.

Très vite, la nouvelle reine est enceinte : le 7 septembre 1533, Anne met au monde l’enfant tant attendu par Henry VIII. Tout le monde s’attend à un fils et le roi est d’ailleurs persuadé que sa reine n’a pu lui faire qu’un garçon. Hélas, c’est une fille, à qui le roi donne le nom d’Elisabeth, en mémoire de sa mère. Mais ce dernier est extrêmement déçu par la naissance d’une fille et n’assiste pas au baptême de l’enfant. Certains parlent d’une punition de Dieu, qu’Henry VIII a renié pour devenir chef de l’Eglise Anglicane et épouser Anne Boleyn. D’ailleurs, si on en croit les rumeurs de l’époque, Anne, qui n’est pas d’une grande beauté, aurait ensorcelé le roi. La nouvelle reine s’emporte facilement, est d’un tempérament coléreux, ce qui fait regretter au peuple la généreuse et discrète Catherine d’Aragon. Les ennemis d’Anne Boleyn prétendent qu’elle aurait une verrue dans le cou, un sein plus gros que l’autre et un sixième doigt à la main gauche.  

Henry VIII présente Anne à la cour ( par Daniel Maclise, XIXe siècle)
Henry VIII présente Anne à la cour (par Daniel Maclise, XIXe siècle)

En août 1534, la reine est victime d’une fausse-couche : l’enfant était de sexe masculin. Henry VIII est-il victime d’une malédiction ? Le 29 janvier 1536, Anne Boleyn fait une nouvelle fausse-couche… encore une fois, il s’agit d’un garçon.  Pour le roi s’en est trop : il semble bien que la reine soit incapable de donner un héritier mâle à la couronne. Il se détourne de son épouse, passant de plus en plus de temps avec la jeune Jane Seymour, appréciée par beaucoup à la cour à l’inverse d’Anne, qui rencontre de plus en plus d’hostilité.

En mai 1536, la reine est enfermée à la Tour de Londres : on l’accuse de sorcellerie – son sixième doigt en est la preuve – d’avoir envoûté le roi et voulu l’empoisonner, d’avoir envisagé de tuer Catherine d’Aragon et d’avoir commis l’adultère ainsi que l’inceste : en effet sous la torture, le musicien favori de la reine avoue être son amant. Quant à l’inceste, elle l’aurait commis avec son frère, George Boleyn, vicomte de Rochford. Les accusations émanent de l’épouse de ce dernier, Jane Parker. Condamnée à mort, Anne Boleyn est décapitée à l’épée le 19 mai, deux jours après son frère. Catherine d’Aragon étant morte en janvier 1536, le roi d’Angleterre épouse, dès le lendemain de l’exécution d’Anne Boleyn, sa favorite Jane Seymour. 

Portrait posthume d'Anne Boleyn, par l'école anglaise (fin XVIe siècle)
Portrait posthume d’Anne Boleyn, par l’école anglaise (fin XVIe siècle)

Avant de mourir, Anne Boleyn avait déclaré être innocente des crimes dont on l’accusait et qu’elle n’avait jamais été infidèle au roi. Pour le peuple, et surtout pour le roi Henry VIII, la jeune femme était indigne d’être reine car elle avait manqué à sa tâche : donner un fils vivant à l’Angleterre. Bien que le roi en était amoureux, Anne Boleyn n’avait pas été à la hauteur. En 1542, Jane Parker est, elle aussi, exécutée avec la cinquième épouse d’Henry VIII, Catherine Howard, (accusée d’infidélité) car elle aurait été la complice de la reine. Avant de mourir, Jane Parker déclare : « Je suis innocente du crime dont on m’accuse mais je meurs justement car j’ai menti, jadis, en accusant d’inceste mon mari George et la reine Anne ».

Après la mort d’Henry VIII en 1547, son unique fils – que lui a donné Jane Seymour – monte sur le trône d’Angleterre sous le nom d’Edward VI. Il meurt en 1553, à 15 ans, sans laisser d’héritier. La couronne passe alors à Mary Ire, fille aînée d’Henry VIII et de sa première épouse, Catherine d’Aragon. Celle-ci disparaît en 1558 sans enfant. La couronne passe alors à Elisabeth, fille d’Anne Boleyn, qui deviendra la légendaire « reine vierge », sous le nom d’Elisabeth Ire et qui régnera jusqu’en 1603.

Anne Boleyn à la Tour de Londres, par Edouard Cibot (1835)
Anne Boleyn à la Tour de Londres, par Edouard Cibot (1835)

L’histoire d’Anne de Boleyn ne devait pourtant pas s’arrêter là. Après son exécution, on ne trouve pas de cercueil pour la reine. Son corps est alors déposé dans une boite trop petite, puis enterré à la hâte sous la chapelle Saint-Pierre, dans la Tour où la reine déchue avait fini ses jours. En 1864, la victime d’Henry VIII commence à faire trembler l’Angleterre : au cours une nuit d’hiver, une sentinelle aperçoit son fantôme ; une forme blanche flottant dans un épais brouillard. La dernière apparition d’Anne Boleyn date de 1936, quatre cents ans après sa mort : un garde aurait vu une femme sans tête, errant dans un des couloirs de la tour.  Bien souvent, le fantôme de la reine a été aperçu dans la chapelle sous laquelle se trouve son corps. La Tour de Londres devait encore renfermer bien des gens assassinés et deviendra la « Tour Sanglante »…

Bibliographie

Les Tudors : Éclat et ombres d’une dynastie, par Liliane Crété 
Une reine pas très catholique : une biographie d’Anne Boleyn, par Dominique Muller

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