Les enfants illégitimes de Louis XIV

04.Louise-Françoise (?)

Dans le mois de mars 1669, la favorite de Louis XIV, Françoise-Athénaïs de Montespan, met au monde son premier enfant illégitime, soit dans une petite maison située entre le Louvre et les Tuileries, soit au château de Saint-Germain. La naissance et l’existence de ce bâtard royal doivent demeurer secrètes : en effet, la mère est mariée ! Son époux, le marquis de Montespan a donc légalement des droits sur cet enfant et peut, à tout moment, les revendiquer et enlever à Athénaïs le fruit de ses amours avec le roi de France. Le nouveau-né est, par conséquent, maintenu dans l’ombre. D’abord confié à Mlle des Œillets, dame de chambre de la marquise de Montespan, l’enfant est élevé par Mme Scarron, future marquise de Maintenon, quelques semaines après sa naissance. Avec tout le mystère qui autour cet enfant, des doutes subsistent encore sur le sexe de celui-ci. Certains biographes en font un garçon (Jean-Christian Petitfils, Alexandre Maral), d’autres penchent davantage pour une fille (Maurice Rat, Simone Bertière). L’historien Jean-Paul Desprat écrit que le secret est « si bien gardé que l’on ne sait toujours pas s’il s’agissait d’une fille ou d’un garçon »

Une lettre de Mme de Maintenon suggère que le premier-né des bâtards d’Athénaïs de Montespan était une fille, lorsqu’elle écrit au sujet du duc du Maine (né en 1670) : « Je n’aime pas moins cet enfant-ci que j’aimais l’autre ». Certains auteurs attribuent à la petite fille le prénom de Louise-Françoise (information reprise par Jacques Bernard, Lise Hilton) : en effet, il s’agit là d’un combiné des prénoms de ses parents mais également de deux prénoms qui sont alors très répandus… impossible alors de faire le rapprochement entre la fillette et Louis XIV ou Mme de Montespan. Cependant, cette information n’est actuellement pas vérifiable.

Angelot (détail d’un tableau de Pierre Mignard)
Angelot (détail d’un tableau de Pierre Mignard)

Le roi ne vit jamais cet enfant dont il recevait des nouvelles par sa gouvernante, Françoise Scarron. Celle-ci l’amenait parfois en pleine nuit, et secrètement, à la marquise de Montespan. Au mois de février 1672, l’enfant est pris par la fièvre et les coliques. Sa gouvernante en informe ses parents et demande l’aide d’un médecin de la cour pour sauver ce petit être, qui résiste mal aux saignées. Son existence étant méconnu de la cour, il est impossible à Louis XIV d’envoyer à son enfant les soins qui l’auraient peut-être sauvé. En proie à de terribles migraines, l’enfant adultérin décède le 23 février, peu de temps avant son troisième anniversaire, probablement victime d’un abcès à l’oreille. Peu sont alors au courant de son existence mais le marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, note au début du mois de mars 1672 : « LRoi avait eu un déplaisir quil n’a pas manifestécar on assure quil y a neuf jours que le fils quil avait eu de madame de Montespan mourut ». 

Avec la légitimation des autres enfants du roi et de la marquise de Montespan, à partir de décembre 1673, l’existence du premier-né est vaguement révélée, mais le mystère autour de son identité est toujours entretenu, à tel point que la cousine de Louis XIV, la Grande Mademoiselle, ne peut qu’écrire au sujet des enfants adultérins  du roi et de sa maîtresse : « Il y en avait eu encore un [un enfant] qui était mort, que l’on n’a jamais vu ». 

Bibliographie : 

Les reines de France au temps des Bourbons : les Femmes du Roi-Soleil, de Simone Bertière
Madame de Maintenon, de Jean-Paul Desprat 
– Madame de Montespan, de Jean-Christian Petitfils 

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