Des Carolingiens aux Capétiens

04. Les Robertiens prennent le pouvoir

Malgré sa déception de ne pas avoir eu le trône de France à la mort de son frère aîné Eudes Ier, Robert, marquis de Neustrie, prête serment de fidélité au Carolingien Charles III le Simple. Les normands sont toujours dans le royaume et le roi doit continuer la guerre contre les invasions. En 911, le roi trouve un accord avec le duc de Normandie, Rollon, le chef des normands, afin de mettre un terme aux désolations et aux dévastations. Charles III octroie la Normandie aux ennemis lors du traité de Saint-Clair-sur-Epte. Bien que, grâce à cet accord, les normands laissent le royaume tranquille, le peuple n’est pas satisfait que Charles III ait cédé à l’ennemi. En 920 , la majorité des grands du royaume considèrent que leur roi n’est plus digne de régner et se révoltent, menés par le marquis Robert de Neustrie. En 922, ils élisent ce dernier roi sous le nom de Robert Ier.

Gravure représentant Robert Ier
Gravure représentant Robert Ier

Cette élection marque un tournant dans l’histoire de la royauté : un mauvais roi peut ainsi être chassé si son peuple considère qu’il ne fait pas un bon souverain. Robert Ier est le roi choisi par le peuple : par conséquent, il a les capacités à régner. Pourtant, Charles le Simple n’est pas décidé pas à laisser le trône si facilement : une guerre commence entre les deux rois, le « légitime » et l’ « élu ». En 923, après seulement quelques mois de règne, Robert Ier est tué près de Soissons, lors d’une bataille contre Charles III le Simple, par les partisans de ce dernier. Malgré la mort de son rival, Charles III est capturé par le comte de Vermandois, Herbert II. Destitué et enfermé à Péronne, il meurt en 929 sans avoir recouvré son trône. Une fois le trône vacant, la couronne est proposée au fils de Robert Ier, Hugues le Grand, comte de Paris. Mais l’intelligent Robertien sent bien que ce n’est pas encore le bon moment pour ceindre la couronne de France. Il constate que son oncle et son père avaient plus de prestige et de pouvoir lorsqu’ils n’étaient pas rois : Hugues sent que l’heure des Robertiens sur le trône n’est pas encore venue. De plus à cette époque, Hugues n’a ni fils ni frère à qui transmettre le comté de Paris : il serait donc obligé de diviser son immense patrimoine entre ses cousins car on ne peut être roi et comte à la fois. Il propose alors son beau-frère comme roi : il s’agit de Raoul, duc de Bourgogne, qui a épousé la sœur d’Hugues le Grand, la belle Emma.

Raoul Ier, dernier roi Robertien (manuscrit « le Recueil des rois de France », XVe siècle)
Raoul Ier, dernier roi Robertien (manuscrit « le Recueil des rois de France », XVe siècle)

Élu en 923, ce roi guerrier doit combattre Rollon, le duc de Normandie, Guillaume Longue-Epée ainsi qu’Herbert II qui déborde d’ambition après sa capture de Charles III. Hugues le Grand a d’autant bien manœuvré la montée sur le trône de Raoul que ce dernier lui doit la couronne et se retrouve donc, en partie, sous l’autorité du Robertien. Hugues est à la fois le chef de la famille des Robertiens, l’ombre du roi et le puissant comte de Paris. En 926, Raoul Ier parvient à repousser une invasion hongroise et soumet les normands en 930. Malgré cela, certains grands seigneurs ne le reconnaissent pas comme leur roi : Raoul n’est ni Carolingien ni Robertien et n’appartient à cette famille que par alliance. Dans certaines provinces, le peuple considère qu’il n’y a plus de roi depuis la destitution de Charles III le Simple. Guillaume de Normandie ne reconnaîtra Raoul Ier comme son roi qu’en 933. De ce fait, Raoul Ier a parfois du mal à imposer son autorité. Lorsqu’il meurt en 936, il ne laisse pas d’héritier. Raoul est le dernier roi lié à la famille des Robertiens à monter sur le trône de France.

Bibliographie

La dynastie des Carolingiens et leurs alliances : des origines à leur extinction, par Michel Démorest
Les Carolingiens (741-987), par Christian Bonnet et Christine Descatoire
 Les Carolingiens : une famille qui fit l’Europe, par Pierre Riché

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