Les vérités sur l’esclavage
Le magazine Historia consacre son mensuel aux vérités sur l’esclavage, au-delà de la question raciale.
Lorsque l’on évoque la question de l’esclavage, on pense tout de suite au commerce triangulaire, à toutes ces personnes, de couleur, qui furent arrachées à leur terre natale, à compter du XVIe siècle, et ce jusqu’à l’abolition de l’esclavage, au XIXe siècle. L’européen se croit alors supérieur en raison de sa couleur de peau.
Cependant, l’asservissement d’êtres humains commence bien avant les temps Modernes car on trouve des esclaves dès l’Antiquité. A cette époque, ceux-ci sont majoritairement de couleur blanche et représentent souvent un tribut de guerre. Ainsi, les peuples faits prisonniers sont exploités par les vainqueurs, qui voient là une main d’œuvre gratuite. Le mot « esclave » viendrait d’ailleurs du peuple « slave » car bon nombre d’entre eux se retrouvent asservis à la suite de conflits. Les vikings et les corsaires sévissent également dans l’Europe du Nord et capturent principalement des enfants et des jeunes femmes pour ensuite les revendre. L’une d’elles, prénommée Bathilde, reviendra reine des Francs…
L’Espagne musulmane organise elle-aussi la traite, dès le VIIIe siècle, recherchant des enfants – destinés à devenir eunuques – et des jeunes femmes blondes, qui sont vendues au plus offrant. Car si certains esclaves sont négociés quelques pièces, d’autres s’achètent à prix d’or.
Dans la Rome Antique, l’esclavage est régie par des lois. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le maître n’a pas tous les droits sur ses esclaves et a même des devoirs envers eux. Si l’esclave est vendu comme une marchandise, il tisse souvent, par la suite, des liens d’affection avec son maître. Avoir un « serviteur » est à la portée de presque tous les citoyens romains, y compris les plus pauvres. Découvrez les codes qui encadrent l’esclavage et qui permet à certains domestiques de s’élever dans la société, grâce à leurs talents et à la confiance qui s’instaurent entre eux et leurs maîtres.
Au siècle des Lumières, les esclaves venus d’Afrique vont faire la fortune d’un grand nombre d’aristocrates. Envoyés dans les plantations aux Antilles et en Amérique, les esclaves de couleur sont exploités dans des conditions de travail très dures, pour enrichir leurs propriétaires, à l’exemple du ministre de la Police, Fouché, ou encore de la future impératrice Joséphine !
La fin du XVIIIe siècle marque un tournant dans l’évolution des mentalités : suite à la Révolution Française, des anti-esclavagistes commencent à s’indigner devant cette pratique de servitude. A Saint-Dominique, colonie française des Antilles, les esclaves se révoltent en 1791, réclamant la liberté et l’égalité face à l’homme blanc. Des centaines de propriétaires de plantations sont alors massacrés par leurs esclaves, qui n’épargnent ni les femmes, ni les enfants. Pour ramener l’ordre, la Convention nationale abolie l’esclavage en 1794… avant que Napoléon Bonaparte ne le rétablisse en 1802. Découvrez les raisons économiques – mais aussi sociales – qui freinent, dans le monde entier, l’émancipation des esclaves. Si certaines personnalités, à l’exemple du président Lincoln, sont aujourd’hui associées à l’abolition de l’esclavage, leurs motivations ne furent pas toujours celles que l’on croit…
Même après l’abolition de l’esclavage, un sentiment de mal-être continue de hanter les descendants des esclaves, ainsi que ceux qui comptent, parmi leurs ancêtres, des esclavagistes. Historia revient sur ce « tabou », sur cette honte portée secrètement par des familles qui se sont enrichies avec le commerce triangulaire, et par d’autres qui ont été victimes de la servitude.
Avec l’abolition de l’esclavage au XIXe siècle, on pourrait penser que cette pratique a définitivement disparue. Pourtant, au XXe siècle, deux dictateurs – Staline et Hitler – mettent en place le travail forcé au goulag, et dans les camps de concentration, donnant ainsi naissance à l’esclavagisme industriel… Doit-on y voir le signe que l’Homme ne cessera jamais de vouloir asservir son prochain ?
mensuel N° 878 / février 2020
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Sainte-Bathilde : une esclave qui devint reine