Les scandales de Marguerite de Valois, reine de Navarre
L’époux de Marguerite, Henri de Navarre, n’est pas vraiment le mari dont on rêve : selon certains, le couple fait très vite chambre à part, car la pauvre Marguerite de Valois ne supporte plus l’odeur d’ail et de bouc qui émane du futur Henri IV. Si Henri gagnera le surnom du « Vert-Galant », on pourrait également tracer la liste des nombreux amants de Marguerite ! Peu après son mariage en 1572, la reine de Navarre tombe amoureuse de Boniface de La Môle, un beau seigneur aux nombreuses conquêtes. Ce dernier est impliqué dans un complot contre le frère de Marguerite, Charles IX. La reine de Navarre l’apprend et met en garde son frère adoré, sacrifiant ainsi son amant. Boniface de La Môle paie chèrement la fidélité de Marguerite envers Charles IX puisqu’il est condamné à être décapité, en 1574. Sa mort cause un profond chagrin à la reine Marguerite. Il est dit qu’elle acheta la tête de son amant au bourreau et l’enterra dans le jardin de l’abbaye de Montmartre. Marguerite se console vite de la perte de Boniface et reprend des amants dont l’un se dégage du groupe : Jacques de Harlay, seigneur de Champvallon. La reine de Navarre cause scandales sur sandales en s’affichant avec des amants au grand mécontentement de son frère le roi Henri III, qui a succédé à Charles IX en 1574. Le 7 août 1583, un bal est donné au Louvre. Henri de Navarre est alors bien loin de son épouse, laquelle a compensé son absence par ses amants. C’est ce soir là qu’Henri III reproche à sa sœur son comportement et l’insulte de tous les noms possibles et inimaginables. Marguerite est également accusée par le roi d’intriguer avec son plus jeune frère François-Hercule, duc d’Alençon, contre la couronne et d’en être la maîtresse ! Le roi, qui ne se maîtrise plus, finit par clamer que Marguerite a donné un enfant à Champvallon. La reine de Navarre s’évanouit en entendant les accusations de son frère. Elle est finalement chassée de Paris et exilée à Nérac puis à Usson.
Bien qu’enfermée, elle séduit encore… jusqu’à ses geôliers. Marguerite peut enfin regagner Paris sous le règne d’Henri IV (dont elle a dû divorcer en 1599) en 1604. A cette époque, la grande beauté de celle que les écrivains surnommeront plus tard « la reine Margot » s’en est allée, laissant place à une femme laide et obèse, mais qui collectionne toujours les amants. Elle n’en a pourtant – officiellement – jamais eu d’enfant. Pourtant, beaucoup de rumeurs ont couru à ce sujet, notamment celle de la naissance d’un rejeton du seigneur de Champvallon. A l’époque Marguerite de Valois doit donner un héritier à son époux, Henri de Navarre. N’étant pas enceinte aussi vite qu’on l’aurait souhaité, la reine est d’abord allée faire une cure à Bagnères, pour favoriser sa fécondité. Dans Paris, il se murmure bel et bien que la reine de Navarre a dû avorter d’un enfant de son amant Champvallon. Cependant à l’époque, l’avortement est très dangereux : illégal, il est pratiqué par des « faiseuses d’anges », lesquelles utilisent des aiguilles à tricoter pour déloger l’embryon ou piétinent le ventre de la femme enceinte jusqu’au moment ou l’enfant, qui n’est pas encore à son terme, soit expulsé. Dans nombreux cas, la mère ne survit pas à l’avortement. L’ambassadeur d’Angleterre prétend, au contraire, que Marguerite de Valois, enceinte, a accouché d’un enfant bien vivant. Elle en aurait eu un deuxième en 1586, né au château de Carlat. Le père de celui-ci serait un certain d’Aubiac. Cependant, il paraît logique que Marguerite de Valois n’ait pu être enceinte : si elle et son époux faisaient chambre à part, c’était une fois le devoir conjugal accomplit. Connaissant l’ardeur de l’un comme de l’autre, comment expliquer que Marguerite aurait pu être enceinte de ses amants et pas de son mari ? Les rumeurs de grossesse de 1583 sont probablement basées sur le fait que la reine de Navarre a pris du poids au cours de cette année-là. En tout cas, s’il y eut un ou même plusieurs enfants illégitimes, personne ne sait ce qu’il(s) est (sont) devenu(s), ce qui renforce la probabilité que tout cela n’est que pure invention. Cependant, ces « ragots », crus par Henri III, auront fait beaucoup de tort à Marguerite. Celle-ci nia toute sa vie avoir avorté ou accouché d’un enfant.
Bibliographie
– Henri IV, le passionné, par André Castelot
– Henri IV : les dames du Vert Galant, par Michel de Decker
– La reine libertine : la reine Margot, par Michel de Decker
– Marguerite de Valois , par Éliane Viennot