Favorites Royales

Les petites maîtresses d’Henri II

Bien que Diane de Poitiers reste la seule maîtresse officielle du roi Henri II, celui-ci connaît tout de même quelques passades amoureuses sur lesquelles Diane ferme toujours les yeux, certaine de son emprise sur le cœur du roi. La première « amourette » connue d’Henri II se nomme Filippa Duci : née vers 1520, elle est la sœur d’un écuyer du Piémont et rencontre Henri en 1537, lors d’une campagne d’Italie. A cette date Henri n’est encore que le dauphin de France. De cette aventure sans lendemain naît une petite fille, le 25 juillet 1538, qu’Henri II prénomme Diane en l’honneur de sa favorite. Cette naissance est une bénédiction pour le prince héritier, qui démontre ainsi qu’il est capable d’avoir des enfants, lui que l’on soupçonnait jusqu’alors d’être stérile. En effet, après cinq années de mariage, la dauphine Catherine de Médicis n’a toujours pas donné la vie et se retrouve désormais seule responsable de cet épineux problème d’infertilité. Filippa et la petite Diane arrivent en France en 1541.

portrait présumé de Filippa Duci
portrait présumé de Filippa Duci

La fille naturelle du dauphin est confiée à Diane de Poitiers tandis que Filippa Duci – dont le nom est francisé en Philippe Desducs (Philippe est alors un prénom mixte) –  est faite dame de Coui et reçoit une forte somme d’argent pour « abandonner » l’éducation de son enfant à la favorite du dauphin. La première petite maîtresse officielle d’Henri devient l’épouse d’un gentilhomme de la chambre du roi, Giovanni de Saint-Séverin, dont elle aura un fils. En 1582, elle entre au service de la reine Catherine de Médicis, en tant que dame d’honneur. Filippa Duci décède aux alentours de l’année 1586. Quant à la petite Diane, elle est légitimée en 1548 et faite duchesse d’Angoulême en 1582. Après une première union avec Orazio Farnèse en 1663, alors qu’elle n’a que 15 ans, la princesse se retrouve veuve (au bout de cinq mois de mariage) et convole avec le duc François de Montmorency en 1557. Leurs deux enfants meurent en bas âge tandis que Diane occupe la place de dame d’honneur des quatre dernières reines Valois (Catherine de Médicis, Marie Stuart, Elisabeth d’Autriche et Louise de Lorraine). Elle s’éteint le 11 janvier 1619.

Portrait présumé de Diane de France, par Corneille de Lyon (XVIe siècle)
Portrait présumé de Diane de France, par Corneille de Lyon (XVIe siècle)

En 1551, Henri II se retrouve père d’un enfant naturel pour la seconde fois. La mère de nouveau-né, Jane Stuart, est elle-même fille illégitime du roi d’Ecosse James IV. Née vers 1510, elle est veuve du Lord Malcom Fleming et arrive en France en tant que gouvernante de la petite Marie Stuart, destinée à épouser le dauphin François. Son objectif est d’avoir un bâtard du roi, afin d’en tirer profit. Quand elle se découvre enceinte, Jane Stuart écrit  : « J’ai fait tant que j’ai pu, que Dieu merci, je suis enceinte du roi, dont je m’en sens très honorée et très heureuse et si je veux dire que le sang royal a je ne sais quoi de plus suave et friande liqueur que l’autre, tant je m’en trouve bien, sans compter les bons brins de présents que l’on en tire ». Le fils qu’elle met au monde à Aix-la-Chapelle reçoit le prénom de son royal père ainsi que le titre de chevalier d’Angoulême. Jane Stuart est ensuite écartée de la cour par Diane de Poitiers et Catherine de Médicis, alliées pour éloigner l’intrigante écossaise.  Celle-ci décède le 20 février 1562. Son fils est élevé à la cour et devient Grand-prieur de France, avant d’être tué au cours d’un duel le 2 juin 1586.

Jane Stuart et Nicole de Savigny, toutes deux mères d'un bâtard royal
Jane Stuart et Nicole de Savigny, toutes deux mères d’un bâtard royal

Après la gouvernante de sa future belle-fille, Henri II tombe sous le charme de Nicole de Savigny. Née vers 1535, elle est la fille du baron de Givry, Guillaume de Savigny. Veuve en 1552 du baron de Saint-Rémy, elle devient dame d’honneur de Catherine de Médicis cette même année. Rapidement courtisée par Henri II, Nicole lui donne un fils en 1557, qui reçoit le prénom du roi mais qui n’est pas légitimé par celui-ci (peut-être en raison de la mort soudaine d’Henri II en 1559). Pour la postérité, cet enfant demeure Henri de Saint-Rémy, baron de Fontette. Après la naissance de son fils, Nicole de Savigny quitte le service de la reine. Elle décède le 4 février 1590, sur ses terres de Fontette, en Champagne. Henri de Saint-Rémy, qui devient Gentilhomme de la chambre du roi et gouverneur de Châteauvillain, épouse Chrétienne de Luze en 1592 et s’éteint le 14 février 1621. Il a toujours des descendants.

Bibliographie

– Les reines de France au temps des Valois : les années sanglantes, par Simone Bertière
Henri II : roi gentilhomme, par Georges Bordonove
Histoires d’amour de l’Histoire de France : Les grandes dames de la Renaissance, par Guy Breton