Un Tableau, une Histoire

Les inséparables filles jumelles de Louis XV

Nées toutes deux  le 14 août 1727 au château de Versailles, Marie Louise-Elisabeth et Anne Henriette de France sont les premiers enfants de Louis XV et de Marie Leszczynska, mariés depuis le 5 septembre 1725. 

Madame Première et Madame Seconde, par Pierre Gobert (1732)
Madame Première et Madame Seconde, par Pierre Gobert (1732)

Marie-Louise Elisabeth naît la première et prend le titre de « Madame Première » puis de « Madame Elisabeth » après son baptême, le 27 avril 1737, et enfin de « Madame Infante » après ses fiançailles avec le fils de Philippe V d’Espagne. Sa sœur jumelle est  « Madame Seconde » puis « Madame Henriette ».

En 1732, le peintre Pierre Gobert réalise un magnifique tableau de Madame Première et de Madame Seconde : ce portrait des filles jumelles de Louis XV met en valeur la proximité entre les deux sœurs. Madame Première y est représentée à gauche du tableau : vêtue d’une robe argentée, elle tient un rameau d’Olivier, symbole de paix et de victoire.  Madame Seconde porte une robe de couleur rose et nous présente un autre symbole de paix : une colombe. 

Fierté du couple royale (Louis XV se vante d’avoir fait « coup double » pour la première grossesse de la reine), les jumelles passent leur enfance à Versailles, tandis que leurs sœurs cadettes partent pour Fontevrault, en 1738. Nouant des liens très forts entre elles, se montrant toujours ensemble et, aux dires de leurs contemporains, il semble que les jumelles ne puissent vivre l’une sans l’autre.  La séparation en 1739 n’en est que plus dure. En effet, le 30 aout de cette année-là Louise-Elisabeth quitte Versailles pour Madrid, afin d’y épouser son cousin, l’Infant d’Espagne Philippe de Bourbon (1720-1765), le 27 octobre. Les adieux sont déchirants et les deux sœurs pleurent en répétant « mon Dieu, c’est pour toujours ». Pourtant, Madame Infante – devenue duchesse de Parme – revient à Versailles en 1748, avec sa fille Isabelle de Parme. Henriette est aux anges et c’est avec encore beaucoup de tristesse que les jumelles se séparent à nouveau, lorsque Louise-Elisabeth repart auprès de son époux.

Madame Henriette, dont le roi ne cache pas qu’elle est  – avec sa sœur aînée – sa fille préférée, semble avoir toutes les qualités du monde : aimable avec tous, elle rapproche son frère le dauphin de sa seconde épouse, Marie-Josèphe de Saxe. Madame Seconde tente également de s’entendre avec la maîtresse de son père, la marquise de Pompadour. La princesse faillit épouser son cousin français, Louis-Philippe d’Orléans (1725-1785), duc de Chartres, dont elle est amoureuse. Devant l’inclination d’Henriette, les ministres de Louis XV mettent en garde le roi  sur les conséquences de cette union, qui rapprocherait dangereusement les Orléans – branche cadette des Bourbon – du trône de France. Le projet de mariage entre les deux cousins avorte alors, pour raisons politiques.

Madame Infante ne devait plus revoir Henriette : la fille favorite de Louis XV meurt le 10 février 1752, de la tuberculose. Pour le peuple, Dieu punit ainsi le roi pour son libertinage en lui enlevant une fille parée de toutes les grâces. La duchesse de Parme est effondrée en apprenant la mort de sa sœur adorée. La fille aînée le roi revient à Versailles en 1757, où elle est emportée par la variole, le 6 décembre 1759. Le chagrin causé par la disparition de sa jumelle lui aurait , dit-on, ôté le goût de vivre. Le cercueil de la duchesse de Parme est déposé à Saint-Denis, auprès de celui de Madame Henriette. 

Bibliographie 

– Les reines de France au temps des Bourbons : la reine et la favorite, par Simone Bertière  
– Mesdames de France : les filles de Louis XV, par Bruno Cortequisse
–  Marie Leszczynska, Madame Louis XV, par Jacques Levron

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