Les grandes influenceuses de l’Histoire : 70 femmes qui ont fait bouger la France
Le magazine Historia vous propose de partir sur les traces de 70 femmes, qui ont marqué l’Histoire de France par leurs idées et/ou leurs actions, à travers un numéro spécial qui leur est consacré.
Derrière chaque grand homme se cache souvent une femme, épouse ou muse qui l’inspire, le soutient. François Ier ne disait-il pas « Une cour sans dames, c’est comme un jardin sans fleurs » ?! Mais même auprès du roi de France, les femmes ne sont pas seulement des « ornements », des « beautés à faire admirer à tous les ambassadeurs ». Quelles soient reines ou favorites, beaucoup d’entre elles se sont illustrées, tirant partie de leur haute position pour faire avancer les causes qu’elles entendaient défendre. Ainsi, dès la Renaissance, Marguerite de Valois s’entoure de poètes, de théologiens et des philosophes, à une époque où l’on juge que la femme n’a pas besoin de s’instruire. Au XVIIe siècle, Mme de Maintenon fonde justement la Maison Royale à Saint-Cyr pour qu’y soient éduquées les jeunes pauvres de la noblesse. L’épouse secrète de Louis XIV sera un modèle pour la marquise de Pompadour. Si la maîtresse de Louis XV est ambitieuse, elle veut participer à la grandeur du règne de son royal amant, devenant ainsi l’un des plus grands mécènes de l’époque, soutenant les arts et le développement de la porcelaine de Sèvres à travers l’Europe.
L’Histoire compte également de nombreuses femmes qui entendent vivre selon leurs propres règles. Ainsi, au XVIIe siècle, les sœurs Mancini – nièces de Mazarin – feront scandale en prenant des amants et fuyant leurs époux. Femme libre, embrasant le cœur des hommes lors de la Révolution Française, Mme Tallien est extravagante et se construit une réputation sulfureuse, menant sa vie selon son bon plaisir : plusieurs fois elle se marie, divorce et multiplie les liaisons… ainsi que les enfants adultérins qu’elle ne cache pas. Le XXe siècle n’est pas reste avec Gabrielle Chanel, qui casse les codes de la mode, proposant des tenues plus légères dans lesquelles la femme peut être libre de ses mouvements, avec pour devise « Une femme doit pouvoir s’habiller sans domestique »….
Les femmes artistes ou chercheuses ont toujours dû batailler pour se faire un nom et une place aux côtés des hommes. Au XVIIIe siècle, Elisabeth Vigée-Lebrun s’impose comme peintre dans un milieu dominé par le sexe masculin. Son style différent la fait remarquer par la reine Marie-Antoinette, qui en fera sa peintre attirée. Qui se souvient aujourd’hui d’Alice Guy, première réalisatrice de l’histoire du cinéma, après que Léon Gaumont ait donné sa chance à celle qui n’était alors que sa secrétaire ? Que dire de la place des femmes dans le monde des sciences quand on sait que seulement quatre ont décroché le prix Nobel dans le domaine de la physique ? Au XXe siècle, les travaux sur l’ADN de la chimiste Rosalind Franklin ne seront couronnés de succès qu’après la mort de celle-ci. Au siècle des Lumières, Émilie du Châtelet se consacre à l’étude de la physique et des mathématiques. Morte prématurément, sa traduction des travaux de Newton sur la gravitation universelle, sera publiée par son ami – et admirateur – Voltaire.
Enfin des femmes ont voulu faire évoluer les mentalités, afin de donner au « sexe faible » les mêmes droits qu’aux hommes. Car le modèle traditionnel de la « bonne épouse » fait de la femme une éternelle mineure, qui dépend du père puis de l’époux. L’impératrice Eugénie s’offusque que la fortune et les biens des femmes soient gérés par leur mari. L’épouse de Napoléon III est persuadée qu’une meilleure éducation permettrait aux femmes de prendre part à leurs affaires. Ainsi, l’impératrice, pour qui « le génie n’a pas de sexe », soutient les femmes artistes et scientifiques. Reconnue à titre posthume pour son engagement dans la cause féminine, Olympe de Gouges osera présenter sa Déclaration des Droits de la Femme en 1791… un texte qui ne sera jamais adopté, ce qui en dit long sur la place accordée aux femmes. Celle qui n’a jamais cessé d’œuvrer pour la liberté des femmes sera guillotinée et longtemps oubliée. Aujourd’hui, Olympe de Gouges est régulièrement proposée pour entrer au Panthéon.
Comment ne pas évoquer Simone Veil, qui réussit à faire adopter la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, en 1974, alors qu’elle vient tout juste d’être nommée ministre de la santé ? Avec l’arrivée de la pilule et autres contraceptifs, puis du droit à l’avortement, la femme peut enfin disposer de son corps et de son droit à être mère quand elle le souhaite, évitant ainsi le traumatisme des grossesses indésirées. Avec la loi sur l’IVG, le nom de Simone Veil est définitivement attaché au combat pour le droit des femmes. Toute sa vie, elle luttera pour la parité entre les deux sexes. Son engagement lui vaudra la reconnaissance de la France et son entrée au Panthéon en 2018.
Découvrez celles qui ont eu à cœur de défendre leurs convictions, pour faire évoluer la société française, démontrant que les femmes ont autant de capacités intellectuelles que les hommes et peuvent briller dans des domaines où on ne les attend(ait) pas. Femmes de sciences, femmes politiques ou artistes, elles ont toutes prouvé que l’Histoire n’a pas été uniquement écrite par l’homme.
spécial N°56 janvier/février 2021