A la cour d'Angleterre

Les débuts difficiles du duc d’Edimbourg

Le 20 novembre 1947, Philip Mountbatten épouse la princesse Elizabeth, héritière de la couronne d’Angleterre. Mais très vite, celui qui est à présent le duc d’Edimbourg, se retrouve  face  à une belle-famille qui lui est opposée.  Ses origines étrangères jouent contre lui : jusqu’à son mariage, Philip est dit « prince de Grèce et de Danemark », fils d’André de Grèce et d’Alice de Battenberg. Mais pour la famille royale anglaise, le sang de Philip n’est pas assez bleu : quelques jours seulement après sa naissance, ses parents ont dû fuir la Grèce, son père étant accusé de haute trahison. Élevé par un oncle maternel, Philip n’a plus que le titre de « prince » mais non la fortune qu’une famille royale est en droit d’espérer pour un mariage.  Ses sœurs ont toutes épousé des hommes issus de familles allemandes et certains auraient un penchant pour les idées nazies. Elizabeth Bowes-Lyon, la mère de la future Elizabeth II, ne cache pas le mépris qu’elle a pour les allemands, et donc pour la famille de son gendre. Quant à la grand-mère paternelle de la princesse, Mary de Teck, elle dira du duc d’Edimbourg que c’est un « imbécile ».  Seul le roi George VI semble tenir Philip en estime, disant de lui :  « Il est intelligent, il a du bon sens et pense bien sur les bonnes choses ». 

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La princesse Elizabeth et Philip Mountbatten le jour de leur mariage

Philip Mountbatten poursuit sa brillante carrière militaire dans la Royal Navy, à Naples. Mais, à la fin de l’année 1951, il est contraint de s’en retourner en Angleterre avec son épouse car le roi George  VI est au plus mal. Le monarque décède le 6 février 1952 laissant le trône à sa fille aînée, Elizabeth II. Le duc d’Edimbourg comprend alors qu’il devra désormais rester dans l’ombre de son épouse. Lorsqu’il tente d’apporter sa touche personnelle, il se heurte à la reine-mère. En effet, alors qu’il a des idées modernes, celle-ci est très conservatrice et souhaite que le règne de sa fille soit dans la continuité de celui de George VI : elle souhaite une monarchie stable et traditionnelle. Pour la reine-mère, le duc d’Edimbourg menace la stabilité de la monarchie comme l’avait fait Edward VIII lorsqu’il a abdiqué en 1936, pour pouvoir épouser Wallis Simpson. Désormais reine, Elizabeth II doit s’établir au palais de Buckingham avec son époux. Seulement la reine-mère n’est pas prête à quitter cette résidence et parvient  y demeurer avec sa fille cadette Margaret. Le duc d’Edimbourg se retrouve dans un palais où les domestiques ont connu le règne de George VI et où tout le monde, hormis son épouse, lui est hostile. Quant à la reine-mère, elle supporte mal de ne plus être sur le devant de la scène et fait tout pour ne pas rester dans l’ombre : elle commence par demander une tribune au Parlement avant de devenir conseillère d’Etat.  La préparation du couronnement d’Elisabeth II dure seize mois et lorsque le duc d’Edimbourg se permet une remarque ou un conseil, il est vite remis à sa place : au sein de la famille royale, il n’a pas son mot à dire, étant d’origine étrangère. Le mari de la reine déserte alors le palais de Buckingham pour se mêler aux personnes issues de la même condition sociale que la sienne.  Pour le couple d’Elizabeth II, c’est le commencement des problèmes intimes, liés au charme légendaire de Philip, et ses absences répétées sont dures à vivre pour la reine. Cependant, Elizabeth estime qu’il est nécessaire de laisser de « l’espace » à son époux qui est obligé de vivre dans l’ombre de sa couronne. En contrepartie, Philip demeure le seul confident en qui la reine peut avoir une totale confiance et qui lui apporte écoute et conseils lorsqu’elle en éprouve le besoin.

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Elizabeth II et le duc d’Edimbourg en 2007

Si le duc d’Edimbourg doit s’effacer dans la vie publique, il supporte mal que ses enfants ne puissent porter son nom. Ainsi, il suggère que la dynastie des Windsor change de nom au profit du sien et transmet sa requête argumentée au conseil des ministres. Pour la famille royale, il apparaît comme inconcevable de changer le nom de la dynastie régnante sans chambouler la monarchie. Le 9 avril 1952, la reine tranche : par décret royal, les enfants du couple conservent le nom de Windsor. Bien qu’elle soutienne son époux, Elizabeth II doit toujours agir pour le bien de la monarchie. Pour le duc d’Édimbourg, cet échec est rude et il dira qu’il est le « seul homme en Angleterre à ne pouvoir transmettre son nom à ses enfants ». Finalement, il faudra attendre 1960 pour qu’une ordonnance autorise les descendants de la reine et de Philip  – hormis l’héritier du trône – à pouvoir porter, s’ils le désirent, le nom de Mountbatten-Windsor.  A l’occasion de ses noces d’or en 1997, Elizabeth II  déclare au sujet de Philip : « Il a simplement été ma force durant toutes ces années et le demeure. Et moi, et sa famille entière, et ce pays, et beaucoup d’autres pays, nous lui devons plus qu’il ne le dira jamais ».

Bibliographie : 

Elizabeth II : la Reine, par Jean des Cars 
– La saga des Windsor : de l’Empire britannique à Elizabeth II, par Jean des Cars 
Philippe d’Edimbourg : une vie au service de Sa Majesté, par Philippe Delorme

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