Le règne flamboyant de Soliman le Magnifique
Le magazine Historia consacre un numéro spécial à Soliman « le Magnifique », dixième sultan de la dynastie ottomane, qui monta sur le trône il y a 500 ans, en 1520.
Lorsqu’il succède à son père, Selim Ier le « Terrible », Soliman est un jeune prince de 25 ans. Fin stratège, et digne descendant de grands conquérants, Soliman s’engage dans une série de campagnes militaires, afin d’étendre l’empire vers l’ouest, sur le continent européen. Dès les premières années de son règne, Soliman va s’emparer de Belgrade, puis de Rhodes. Son armée est crainte et fait trembler l’Europe : composée d’esclaves entièrement dévoués au sultan – les janissaires – elle est réputée pour sa férocité et fait la fierté du sultan. Mais pour triompher, Soliman s’entoure également d’alliés et de personnalités qui étonnent ses contemporains. Ainsi, il nomme au poste de grand vizir un ancien esclave devenu son compagnon, Ibrahim Pacha, au détriment des anciens conseillers de son père. Pour combattre en Méditerranée, Soliman nomme le corsaire Barberousse grand amiral, alors que cet homme est perçu par beaucoup comme étant un pirate sans moral. La flotte du sultan conquiert pourtant grâce à lui des possessions italiennes et espagnoles et contribuera à l’âge d’or ottoman.
L’allié inattendu de Soliman, c’est le roi de France François Ier, avec lequel le sultan s’associe contre Charles Quint, scellant ainsi une alliance franco-ottomane inédite où un monarque chrétien et un empereur musulman se battent ensemble contre un autre roi chrétien. Si cette alliance entre deux civilisations si différentes choque de nombreux contemporains, elle permet à Soliman d’arracher plusieurs possessions à celui qu’il n’a jamais considéré que comme le roi d’Espagne. Revivez les grandes batailles, sur terre et sur mer, qui ont fait la renommée de Soliman à travers le monde.
Cultivé, Soliman encourage les arts, la littérature et l’architecture ottomanes, afin que son Empire rayonne dans le monde entier, et montrer ainsi que l’Orient n’a rien à envier à l’Occident. Grâce à son mécénat, le classicisme ottoman connaît son apogée sous son règne. Partez à la découverte d’Istanbul, capitale de l’empire, reflet du règne flamboyant de Soliman.
Sage, et à la tête d’un empire aux diverses cultures et religions, le sultan prône l’apaisement après des années de massacres orchestrés par Selim Ier. Le sultan complète également le Code pénal, qui prévoit désormais davantage de punitions financières que d’exécutions capitales.
Pour autant, Soliman sait réprimer dans le sang lorsqu’il sent son pouvoir en danger. Il faut dire que sous l’empire ottoman, l’assassinat est monnaie courante pour éviter toute rebellion. En effet, aucune règle n’organise la succession des sultans et c’est le premier fils du souverain qui atteint la capitale qui est sacré. Dès lors, ce manque d’encadrement donne lieux à des fratricides « préventifs » afin d’écarter tous les prétendants au trône. Soliman étant fils unique, son sacre ne sera pas entaché du sang de sa famille lorsqu’il succède à Selim Ier (qui a déjà fait supprimer ses frères et neveux). Mais « le Magnifique » n’hésitera à faire disparaître son homme de confiance, Ibrahim Pacha, après l’avoir porté au sommet, ainsi que certains de ses propres fils – soupçonnés de vouloir le renverser – et petits-enfants, afin étouffer tout désir de vengeance…
Si Soliman commandite des assassinats, il se pourrait qu’on les doivent également à celle qui va révolutionner le rôle des femmes dans l’empire ottoman : Roxelane. Esclave issue du harem de Soliman, la belle aux origines inconnues éclipse bientôt toutes les autres femmes, pour devenir la favorite puis l’épouse du sultan. L’attitude de Soliman rompt avec la tradition, qui veut que le mariage du souverain serve d’abord la politique de l’empire. Mais ce sont surtout les cinq fils que Roxelane donne à Soliman qui vont bouleverser l’ordre établi, qui veut qu’une femme n’ait qu’un seul enfant au sultan, afin de limiter les querelles entre frères. Découvrez dans quelles circonstances tragiques va se jouer la succession de Soliman avant même la mort de celui-ci, mais également l’influence que va exercer Roxelane sur le sultan, et qui va donner naissance au « sultanat des femmes ».
Plongez dans une époque mouvementée, et parcourez le long règne de Soliman qui s’étend sur quarante-six ans – le plus long de la dynastie – afin de faire connaissance avec une grande figure de la Renaissance, qui a fait évolué les traditions tout en restant fidèle à la mémoire de ses ancêtres, en ayant à cœur d’étendre l’empire et laisser ainsi une trace dans l’Histoire.
spécial N°52 / mars-avril 2020