A la cour d'Angleterre

La guerre des Deux-Roses : les Lancastre contre les York

Au XVe siècle, l’Angleterre connaît une guerre sans merci entre deux branches de la dynastie des Plantagenêt, pour le pouvoir royal. Le trône est alors occupé par la branche aînée avec le roi Henry VI de Lancastre. Né en 1421 et marié à Marguerite d’Anjou, celui-ci règne depuis 1422, suite au décès prématuré de son père Henry V. Le souverain a cependant davantage l’air d’un moine que d’un roi, répugne à verser le sang et n’aime guère gouverner, préférant la prière. C’est donc la reine Marguerite qui tient les rennes du pouvoir. La guerre de Cent Ans, qui a opposé l’Angleterre à la France, a déstabilisé le royaume. La branche cadette de la maison royale, les York, va alors tenter de prendre le pouvoir sur les Lancastre : on assiste alors à la guerre dite des Deux-Roses, la rose rouge étant l’emblème des Lancastre et la rose blanche celui des York.  Cette lutte au sein d’une même famille débute en 1455.

Portrait d'Henry VI (anonyme, XVIe siècle)
Portrait d’Henry VI (anonyme, XVIe siècle)

En 1460, le duc Richard d’York, chef de la maison des York, est tué au combat avec son fils puîné, Edmond, âgé de 17 ans. C’est une victoire pour Marguerite d’Anjou qui mène seule cette guerre, le roi Henry VI étant mentalement incapable de faire face à la situation.  La reine lutte pour sauvegarder la couronne qui ira à son fils unique, le prince de Galles Edward, né en 1453. Sur cet enfant pèsent beaucoup de soupçons et l’on murmure qu’il n’est pas le fils d’Henry VI mais celui d’un amant de Marguerite, ce qui arrange les affaires des York, qui revendiquent le trône. 

En 1461, l’armée du roi est écrasée par celle du jeune Edward d’York, fils aîné du défunt Richard, grâce à son alliance avec le comte de Warwick. Henry VI et sa famille trouvent refuge en Ecosse, tandis que son adversaire est couronné sous le nom d’Edward IV. En 1464, le nouveau roi épouse Elisabeth Woodville, une jeune veuve née vers 1437,  de cinq ans plus âgée que lui. C’est un mariage d’amour qui est  célébré dans le secret,  pour éviter les oppositions des autres membres de la famille des York, qui voient en la famille des Woodville des profiteurs et des calculateurs.  Henry VI est fait prisonnier par les York en 1465 et enfermé à la Tour de Londres. La reine Marguerite et le jeune prince de Galles doivent s’enfuir en France.

Marguerite d'Anjou, reine d'Angleterre (anonyme, XVIe siècle)
Marguerite d’Anjou, reine d’Angleterre (anonyme, XVIe siècle)

En 1470, Henry VI récupère son trône, toujours grâce à son épouse qui s’est alliée avec le comte de Warwick, lequel vient de se retourner contre Edward IV, désapprouvant son mariage. Afin de sceller cette alliance, le prince de Galles épouse la fille cadette du comte, Anne Neville. Cependant, ce renversement de situation est de courte durée : Edward IV et ses partisans reprennent le dessus et le comte de Warwick trouve la mort le 14 avril 1471, lors de la bataille de Barnet. Quant au prince de Galles, fils d’Henry VI et de Marguerite,  il est tué à la bataille de Tewkesbury, le 4 mai suivant. Le dernier des Lancastre, Henry VI, est assassiné à la Tour de Londres le 22 mai. La reine Marguerite est faite prisonnière par Edward IV, qui peut désormais régner sans partage sur l’Angleterre.

Si le roi est soutenu par son plus jeune frère, Richard, duc de Gloucester né en 1452,  ce n’est pas le cas de Georges, duc de Clarence, né en 1449, qui ne serait pas contre prendre la place de son aîné sur le trône. Contre l’avis du roi, il a épousé Isabelle Neville, la fille aînée du comte de Warwick, afin de profiter de la puissance de sa belle-famille. Plusieurs fois, le duc de Clarence se dresse contre son frère aîné. Dès lors, il est impératif qu’Edward IV ait un héritier, afin de conforter sa position. Après la naissance de trois filles, la reine Elisabeth met enfin au monde un fils, en 1470, prénommé Edward. Celui-ci sera suivi de six frères et sœurs. Quant au jeune frère du roi, le duc de Gloucester, il convole en 1472 la jeune veuve du prince de Galles, Anne Neville.

Edward IV (anonyme, XVIIe siècle)
Edward IV (anonyme, XVIIe siècle)

En 1476, la duchesse de Clarence meurt en couches, à l’âge de 25 ans. Immédiatement, le prince Georges accuse accuse la reine Elisabeth d’être une sorcière et d’avoir fait empoisonner son épouse afin qu’il n’ait pas d’héritier, son fils unique étant atteint de troubles mentaux. En 1478, Edward IV fait exécuter ce frère qui était devenu trop dangereux pour lui et les siens.

 Le 9 avril 1683, le roi d’Angleterre meurt, âgé de seulement 40 ans. Son fils aîné et héritier le prince de Galles, désormais Edward V, n’a pas 13 ans. Le jeune roi est placé sous la tutelle de son oncle Richard, duc de Gloucester. Cependant, redoutant l’influence des Woodville sur le jeune roi, Richard d’York fait enlever son neveu et le retient dans la Tour de Londres. Il y fait également venir le frère cadet du nouveau roi, le petit Richard,  né en 1473. Le duc de Gloucester convoite désormais le trône qu’il n’entend pas laisser à un jeune garçon de 13 ans.  Pour servir ses intérêts, ses proches font d’abord courir le bruit que le défunt roi Edward IV n’était pas le fils biologique de Richard d’York. Cependant, cela revient à dire que la mère du duc de Gloucester, Cécile Neville, a été infidèle. Or, Richard ne veut pas porter atteinte à sa mère, qui est encore en vie. Il déclare alors que ses neveux sont nés bâtards. En effet, Edward IV aurait signé une promesse de mariage à une certaine Éléonore Talbot en 1461,  pour ensuite épouser Elisabeth Woodville en 1464 alors qu’Éléonore est toujours vivante.  Dès lors qu’Edward IV est reconnu comme bigame, son mariage avec Elisabeth Woodville est invalidé et les enfants  nés de cette union sont déclarés comme étant illégitimes. Par cette action, le duc de Gloucester devient un sérieux candidat au trône d’Angleterre. Cependant, il craint que les jeunes princes, enfermés à la Tour de Londres, n’inspirent de la compassion à quelques grands seigneurs.

Les deux princes, Edward et Richard, à la tour de Londres en 1483 (par John Everett Millais, 1878)
Les deux princes, Edward et Richard, à la tour de Londres en 1483 (par John Everett Millais, 1878)

Le 22 juin 1483, Edward V et son petit frère Richard sont probablement assassinés à la Tour de Londres. Si, à l’époque, le meurtre  des deux enfants demeure secret, personne ne reverra plus les princes. Le duc de Gloucester ceint la couronne en juin 1483, sous le nom de Richard III.

On a longtemps supposé que Richard III avait ordonné le meurtre de ses neveux. Cependant, l’assassinat des deux princes a également pu être commandité par le duc de Buckingham, soutien du prétendant au trône, Henry Tudor, né en 1457. Fils posthume du comte de Richmond, Edmond Tudor (v.1430-1456), et de Margaret Beaufort (1443-1509), Henry descend du roi de France Charles VI par sa grand-mère paternelle, Catherine de Valois, et du roi d’Angleterre Edward III, à la cinquième génération par sa mère. Son père, Edmond Tudor, était également le demi-frère du malheureux Henry VI : après la mort d’Henry V, sa jeune veuve Catherine de Valois (1401-1437) a convolé avec Owen Tudor, union dont est issu Edmond. 

Richard III (anonyme, XVIe siècle)
Richard III (anonyme, XVIe siècle)

Aidé du roi de France Charles VIII, Henry revient en Angleterre pour revendiquer le trône, en tant que neveu du défunt Henry VI. Richard III est alors anéanti par la mort de son fils unique âgé de 10 ans, survenue en 1484, suivie par celle de la reine Anne, décédée de la tuberculose en mars 1485. Le 22 août suivant,  Richard III est tué au combat, lors de la bataille de Bosworth, suite à la trahison du baron Thomas Stanley, qui se rallie à Henry Tudor à un moment crucial de l’affrontement entre les deux camps.

La mort de Richard III marque la fin de guerre des Deux-Roses. Henry Tudor monte sur le trône sous le nom d’Henry VII. Afin  d’asseoir sa légitimité, il décide d’associer le sang des Tudor avec celui des York,  en épousant la princesse Elizabeth en 1486,  fille aînée du défunt Edward IV. Avec cette union, les deux branches de la même famille ne forment plus qu’une seule dynastie. L’emblème du nouveau roi, la « rose Tudor » est une fusion des deux roses, rouge et blanche, afin de rappeler la nouvelle unité des Plantagenêt. Sept enfants naîtront de l’union d’Henry VII et d’Elizabeth d’York, dont le futur Henry VIII.

Bibliographie 

Histoire de l’Angleterre, par Bernard Cottret 
Histoire d’Angleterre, par André Maurois 
L’Angleterre au temps de la guerre des Deux Roses, par Paul Murray Kendall

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