La chute de l’empire inca
Le magazine Historia revient sur la chute de l’empire inca, qui a fasciné les conquistadors au début du XVIe siècle, par sa puissance et sa richesse. Surnommés « les fils du Soleil », les derniers descendants des empereurs incas font se livrer une bataille sans merci pour le pouvoir, qui va profiter aux guerriers « venus de la mer ».
L’empire inca est fondé au XIIIe siècle par Manco Capac, ancêtre « semi légendaire » des onze générations suivantes. Les empereurs incas sont vénérés par leurs peuples, qui les considèrent comme des envoyés des dieux, venus pour civiliser le monde. Une dimension mythique entoure ainsi l’empereur, qui rassemble ses sujets autour de lui par des cérémonies et un culte rendu aux ancêtres. En effet, les défunts restent des membres de la communauté : momifiés à leur mort, ils sont régulièrement sortis de leurs temples pour être célébrés. Découvrez comment les incas rendaient hommage aux souverains du passé pour s’attirer leur protection, à travers des sacrifices animaliers… voire humains en temps de crise !
Pour conserver le pouvoir, l’empereur ne peut pas seulement compter sur la protection de ses ancêtres. Il doit également composer avec les guerriers incas, un pilier du pouvoir en place. Afin d’être assuré de leur soutien – surtout en temps de guerre – le souverain doit promettre à cette élite récompenses et privilèges. L’un des meilleurs moyens d’établir un lien entre ces guerriers et l’empereur réside dans des mariages, entre le souverain et des jeunes filles issues de l’aristocratie. Mais cette entente entre les familles puissantes et l’empereur reste fragile, et la mort du roi inca entraîne souvent des luttes, pour la conquête du trône.
En effet, il n’y a pas loi successorale dans l’empire inca, où le souverain pratique la polygamie et laisse de nombreux fils à sa mort. Si, en principe, la couronne doit revenir aux enfants mâles de l’épouse principale – souvent une sœur ou une cousine du roi – le droit d’aînesse n’existe pas et les candidats au trône s’affrontent souvent, rassemblant autour d’eux leurs partisans issus de l’aristocratie, qui cherchent à tirer profit de la situation. L’élu doit cependant montrer des capacités de chef militaire, afin de pouvoir assumer un héritage de plus en plus lourd, dès lors que l’empire ne cesse de s’étendre.
Grâce à leur puissance démographique et leurs nombreuses conquêtes, les empereurs incas se retrouvent bientôt à la tête d’un immense Etat, dans l’Amérique précolombienne. Pour administrer ses territoires, le souverain a besoin d’hommes cultivés parlant plusieurs langues, jouant le rôle d’administrateur. En l’absence de monnaie, le roi réclame à ses sujets non pas un impôt, mais des prestations de travail. Découvrez les rouages du système administratif et de communication de cette civilisation en avance sur ses voisins, dont certains aspects demeurent encore un mystère, à l’exemple du « Quipu » – qui désigne un ensemble de cordes et de nœuds dont se servaient les incas pour leur comptabilité – dont on commence seulement à percer les secrets…
La mort de l’empereur Huayna Capac, vers 1526, déclenche une guerre fratricide entre deux de ses fils, Atahualpa et Huascar. A cette date, l’empire inca est déjà fragilisé : les conquistadors, qui ont débarqué au Pérou, ont apporté de nouvelles maladies – rougeole, variole – qui frappent une population non immunisée. Les espagnols, emmenés par le capitaine Francisco Pizarro, vont profiter du conflit entre les deux candidats à la couronne, pour accaparer les richesses de l’empire. Trop occupés à lutter pour obtenir le trône, les deux frères vont minimiser la menace que représente les conquistadors, accélérant la chute de leur Etat.
Suivez les étapes d’une guerre sanglante, entre révoltes, assassinats, demande de rançon, trahisons… qui ont mené, en quelques années, à la disparition d’un empire devenu mythique.
spécial N°54 / juillet-août 2020