Intelligence artificielle : Histoire d’une révolution
Le magazine Historia consacre son mensuel à l’Intelligence Artificielle (l’IA), qui ne cesse de se développer, depuis les années 1950.
Créée par des « cerveaux géniaux », l’IA et son développement divisent aujourd’hui l’opinion : si certains y voient une avancée scientifique majeure, d’autres mettent en garde contre le risque que l’IA ne prenne un jour le dessus sur l’être humain…
Si les récits mentionnant des êtres artificiels créés par l’homme jalonnent le temps, c’est en 1956 que l’IA devient une discipline scientifique. Au cours d’une conférence, le professeur américain John McCarthy met en avant le fait qu’une machine peut jouer aux échecs, dès lors qu’elle a pu assimiler un certain nombre de codes et de théorèmes. Ce jeu, qui nécessite plusieurs qualités (mémoire, anticipation, bluff, ruse…) est un terrain d’expérimentation idéal pour tester les capacités d’une machine. C’est en 1997 que s’opère un véritable tournant dans l’histoire de l’IA, lorsqu’un ordinateur bat le champion du monde d’échecs, le russe Garry Kasparov. Contrairement à l’humain, qui peut être en proie au doute ou à une pression psychologique, l’ordinateur n’a aucun état d’âme et peut même simuler des hésitations, afin de mettre en difficultés son adversaire. Déstabilisé par la machine – et sa défaite – Garry Kasparov restera convaincu qu’il n’a pas pu être battu par un ordinateur devenu trop intelligent et que « les coups décisifs ont été joués par des êtres humains ». Mauvais perdant ou dans le vrai ? Découvrez les dessous de cette affaire, qui démontre qu’il faut désormais compter avec l’IA.
Depuis les années 1990, l’IA ne cesse de progresser, de se perfectionner, si bien qu’elle fait aujourd’hui partie intégrante de notre quotidien, ce serait-ce qu’à travers les moteurs de recherches sur internet, qui anticipent nos attentes, ou les téléphones portables de plus en plus perfectionnés et multitâches. Les avancées technologiques ont ainsi rendu obsolètes certains métiers, à l’exemple de celui d’opératrice téléphonique. Pour les entreprises, petites ou multinationales, l’IA permet un gain de temps et d’économie, une machine pouvant désormais remplacer des être humains, tout en allant plus vite qu’eux, grâce à des bases de données et des lignes de codes. Aujourd’hui, des applications dotées de l’IA s’imposent comme de véritables assistants personnels dans les entreprises.
L’IA devient également un outil pour les historiens et les archéologues , grâce à sa faculté de déchiffrage et de reconstitution : elle permet de traduire des textes anciens et de reproduire en 3D des monuments, voire des cités entières, à partir de descriptions anciennes et de photos satellites. Plusieurs sites historiques, disparu ou impénétrables, peuvent ainsi aujourd’hui se visiter virtuellement.
Mais les progrès scientifiques ont parfois des dérives, dès lors que l’aide apportée à l’homme par l’IA est détournée pour tricher : il a ainsi été démontré que l’application ChatGPT est largement utilisée par les étudiants pour effectuer des devoirs à leur place. Bien que l’IA n’ait pas – encore – la capacité de raisonner, elle peut désormais se substituer à l’homme, composer des textes, produire des images. Découvrez comment l’historien Raphaël Doan a associé l’IA à l’écriture de son dernier livre « Si Rome n’avait pas chuté ».
Bien que l’homme soit à l’origine de l’IA, la vitesse avec laquelle celle-ci se perfectionne et évolue inquiète. Aujourd’hui, des IA sont capables de créer d’autres IA, tout en augmentant leur puissance. La machine semble maintenant capable de créer et de penser à la place de son concepteur. Si certains scientifiques se félicitent des progrès réalisés depuis les années 1950, d’autres – rejoints par des intellectuels – craignent qu’à terme, l’IA n’échappe au contrôle de l’être humain et que la science ne franchisse le point de non-retour…
mensuel N° 933 / octobre 2024