Historia

Favorites : pouvoir, influence et scandale

Dans son nouveau mensuel, le magazine Historia vous emmène sur les traces de celles qui ont été remarquées par les rois de France, depuis Agnès Sorel, première favorite officielle, à Zoé Talon, qui adoucit les dernières années de Louis XVIII.

Aimée du roi, éclipsant souvent la reine, la favorite occupe une place de choix auprès du souverain, aussi convoitée qu’instable : la maîtresse royale peut obtenir des charges et des domaines, pour elle et/ou pour sa famille, mais elle peut également tout perdre, du jour au lendemain, car elle ne doit sa position qu’au bon vouloir (ou bon plaisir) du roi ! A la cour, la favorite est autant enviée que détestée, par ceux qui voudraient la supplanter dans le cœur du monarque. Pour conserver ses privilèges et contrer ses ennemis, il lui est nécessaire de s’entourer de personnes influentes et haut placées. Ainsi, Agnès Sorel, maîtresse de Charles VII, est proche du Grand Argentier Jacques Cœur, tandis que la marquise de Montespan, favorite de Louis XIV pendant près de quatorze ans, scelle une alliance durable avec le ministre Colbert, grâce à plusieurs mariages entre leurs deux familles. A l’inverse, Marie de Hautefort, qui inspire de tendres sentiments à Louis XIII, se voit vite écartée lorsqu’elle refuse de servir les intérêts du cardinal de Richelieu, qui a la confiance du roi.

Les enfants issus des liaisons royales sont également un gage de sureté pour la mère, dès lors qu’ils sont reconnus par le roi : Henri IV est le premier à légitimer ses enfants naturels, nés de Gabrielle d’Estrées puis d’Henriette d’Entragues. La première se voit déjà reine de France, lorsqu’elle décède brusquement, au cours d’un nouvel accouchement. La seconde caresse, elle aussi, l’idée d’une union avec le roi, et ne lui cédera qu’après qu’Henri IV lui ait signé une promesse de mariage. Lorsqu’il épouse finalement Marie de Médicis, tout en gardant sa maîtresse auprès de lui, Henriette entre en conflit ouvert avec la reine, complotant pour mettre sur le trône son propre fils, né de ses amours avec le Vert-Galant ! Quant à Mme de Maintenon, elle parvient à se faire remarquer de Louis XIV en s’occupant des enfants que lui donne Athénaïs de Montespan. Celle qui n’est que la gouvernante des bâtards du roi se voit ainsi offrir un marquisat par le monarque, puis une charge officielle auprès de la reine. Lorsque celle-ci décède en 1683, Françoise de Maintenon devient l’épouse secrète du Roi-Soleil.

Il est difficile de mesurer l’influence politique qu’ont pu avoir les maîtresses royales. Mme de Pompadour, qui devient « l’amie nécessaire » de Louis XV, joue-t-elle un rôle durant la guerre de Sept Ans ? Doit-on l’Édit de Nantes à Gabrielle d’Estrées et sa révocation, au siècle suivant, à la marquise de Maintenon ? Les historiens sont partagés. Ce qui est certain, c’est que les favorites sont de véritables mécènes pour les artistes. Diane de Poitiers, qui règne sur le cœur d’Henri II, soutient les peintres, les sculpteurs et se passionne pour l’architecture. A la cour de Louis XIV, Mme de Montespan protège Molière, Jean La Fontaine et Jean-Baptiste Lully. Quant à Mme de Pompadour, elle apporte son appui à Voltaire et à ses idées nouvelles et on lui doit le succès de la manufacture de Sèvres.

Souvent haïes par le peuple, les favorites sont parfois au cœur du scandale : les sœurs Nesle, qui se succèdent dans le lit de Louis XV ou Mme de Montespan, éclaboussée par l’Affaire des Poisons. Lorsque la mort frappe une maîtresse en pleine faveur royale, les rumeurs d’assassinat circulent également : c’est le cas pour la jeune duchesse de Fontanges, la « presque reine » Gabrielle d’Estrées ou encore pour la belle Agnès Sorel, dont les restes sont analysés au début du XXIe siècle…

Partez à la découverte de ces femmes, différentes les unes des autres, mais qui ont en commun d’avoir eu la beauté et l’ambition nécessaires pour se hisser au sommet et marquer l’Histoire de leur empreinte.

mensuel N° 938 / avril 2025

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