Churchill : Ses derniers combats, ses dernières folies
A l’occasion du soixantième anniversaire de la disparition de Winston Churchill, le magazine Historia consacre son mensuel aux dernières années de cette figure politique, qui a marqué le XXe siècle par son rôle décisif dans la victoire des alliés, durant la Seconde Guerre Mondiale. Mais plus qu’un homme d’État, celui que l’on surnomme le « Vieux Lion » est également une personnalité au fort tempérament, qui a ses zones d’ombre et ses secrets…
Symbole de la victoire contre l’Allemagne, Winston Churchill est écarté du gouvernement en 1945. Lorsqu’il revient au pouvoir en 1951, l’homme n’a rien perdu de ses principes et se montre déterminé à préserver la grandeur de l’Empire britannique, à travers le monde. Ni les crises politiques, ni ses problèmes de santé ne le détournent de sa ligne de conduite. Jusqu’au bout, le Premier ministre réprime les mouvements des indépendantistes au Kenya ou en Malaisie, en se plaçant en défenseur de l’idéal colonial. Mais quatre ans plus tard, en 1955, Churchill doit renoncer à tout rôle politique et prendre sa retraite. Depuis quelques années, la santé de Winston lui joue des tours, et le Premier ministre n’a rien fait pour se préserver…
Randolph Churchill, le père de Winston, étant décédé à l’âge de 45 ans, son fils s’est persuadé que lui-même ne vivrait pas vieux. Dès lors, il ne craint pas de s’exposer au feu ennemi durant la Seconde Guerre Mondiale. Mais s’il sait se montrer courageux – se croyant condamné à disparaître prématurément, Winston est également bien décidé à profiter des plaisirs gastronomiques. L’homme aime manger, boire, fumer et pas qu’un peu. Il pratique une véritable « diplomatie de la table », organisant des banquets en comité restreint, lorsqu’il s’agit de trouver une solution à un conflit ou de consolider une alliance : rien de tel qu’un bon dîner non officiel pour se détendre et parler plus librement. C’est ainsi que des situations se démêlent, notamment durant la guerre froide.
La consommation d’alcool et de tabac inquiète les médecins de Churchill, d’autant que leur patient multiplie les problèmes de santé depuis les années 1940 : AVC, chutes avec fractures, pneumonies, infarctus… A chaque fois, le secret est de mise. Si rien ne filtre, c’est que Winston se remet généralement très vite, est capable de tenir un conseil de guerre depuis sa chambre ou de prononcer un discours sans défaillir. N’écoutant pas le corps médical, le Premier ministre refuse de pratiquer une activité physique et de renoncer aux cigares et à l’art de la table. Le britannique doit cependant se résoudre à quitter ses fonctions en avril 1955. A partir de là, ses maladies ne sont plus cachées au public, qui découvre un homme d’une volonté à toute épreuve, qui semble pouvoir se relever de tout. Mais il n’y a pas que des maux physiques chez Churchill : depuis toujours, l’homme est régulièrement victime de dépressions. Découvrez comment Winston lutte contre ses démons, en se réfugiant dans l’écriture de ses Mémoires ou dans la peinture.
Désormais en retraite, Churchill ne craint qu’une chose : l’inaction. L’ex-Premier ministre appréhende l’arrêt de tout ce qui rythmait son quotidien : les télégrammes urgents à traiter, les appels téléphoniques prioritaires, les conseils d’Etat et les réunions de crise. Très vite, Winston s’organise pour être toujours occupé : il s’entoure d’animaux, créant autour de lui une véritable ferme. Il décide rapidement de s’installer sur la côté d’Azur avec sa famille. S’il écrit et peint, Churchill fréquente également le casino de manière assidue et reçoit toutes ses connaissances, jusqu’à l’ancien roi Édouard VIII. L’homme est également flatté d’être appelé de temps à autre par le ministère des Affaires étrangères, qui sollicite ses conseils !
A la fin de l’année 1964, Winston Churchill est très affaibli. Il meurt le 24 janvier 1965, à l’âge avancé de 90 ans. Avant son décès, la reine Élisabeth II avait indiqué qu’elle proclamerait des funérailles nationales pour honorer l’ancien Premier ministre, dont elle appréciait les conseils. La cérémonie est non seulement retransmise en direct à la télévision dans le monde entier, mais la reine fait une entorse au protocole, en assistant aux obsèques d’une personne qui n’est pas de sang royal. Pour la veuve de Winston, « ce ne fut pas un enterrement, mais un triomphe ».
Plonger dans les ultimes années de la vie de Churchill, afin de percer les mystères d’un homme aux capacités et au tempérament hors du commun, qui sut toujours montrer de lui ce qu’il voulait, et ce malgré la maladie, les souffrances psychologiques et les drames familiaux.
mensuel N° 936 / février 2025

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