C’était en 1920… La fabrique du nazisme
Le magazine Historia revient sur les origines du nazisme qui, en une décennie, s’impose dans une Allemagne qui peine à se relever de la Première Guerre Mondiale et de la crise économique.
S’il n’est, au départ, qu’un petit caporal démobilisé durant la Grande Guerre, Adolphe Hitler va se servir de ses talents d’orateur pour rallier à sa cause des partisans de plus en plus nombreux. Sans mesurer le danger que représente cet homme, l’Allemagne devra bientôt composer avec un Führer impitoyable.
Les Allemands sortent traumatisés de la Première Guerre Mondiale : personne ne croyait à une possible défaite, d’autant que les journaux relaient l’information selon laquelle l’Allemagne n’a pas été vaincue, mais qu’elle a demandé la paix, lasse des souffrances subies par sa population. Ce mensonge est imaginé par l’armée afin d’éviter la colère des civils, mais aussi pour pousser l’opinion à résister à une paix trop sévère pour le pays. Le parti d’Hitler, le NSDAP – Parti national-socialiste allemand des travailleurs – profite de la situation et de ces fausses informations, pour accuser certains dirigeants d’avoir trahi l’Allemagne en signant le traité de Versailles. Mais les juifs sont également montrés du doigt : ils représentent « l’ennemi intérieur ».
Celui qui n’était qu’un agitateur, auquel on accordait peu d’importance, parvient à rassembler autour de lui, par ses discours et ses idées. Hitler lui-même est persuadé qu’il est « le sauveur » de l’Allemagne. La personnalité de cet homme et son charisme vont donner une force au NSDAP, qui s’impose bientôt dans le paysage politique allemand. Ce parti radical est composé essentiellement d’anciens militaires et d’une jeunesse issue de la classe moyenne, qui n’a pas connu la guerre mais qui est fascinée par la violence et les combats qu’Hitler organise afin que ces jeunes hommes vivent « l’expérience du front ».
La crise de 1929 désespère l’opinion : la population a peur du chômage, craint pour l’avenir de ses enfants. Les nazis exploitent le mécontentement de leurs compatriotes pour servir leurs intérêts. Des tensions apparaissent, opposant les socialistes aux communistes. En Allemagne, les affrontements dans les rues se multiplient et plusieurs meurtres politiques sont commis, sans qu’ils soient sanctionnés. On assiste à une « guerre civile contrôlée » avec des violences et des pratiques d’intimidation, qui mènent à la prise de contrôle par les nazis de l’espace public. Hitler multiplie les mises en scène avec des cérémonies, des défilés, qui mettent en évidence des symboles du nazisme, tels que des drapeaux, des slogans, ou des portraits du Führer : la jeunesse hitlérienne, cruelle et toute dévouée à son chef, est née. Découvrez comment Hitler transforme ses apparitions en véritables spectacles, pour marquer les esprits et déclencher des « réflexes conditionnés ».
Dans un climat de tensions et de désespoir, sans oublier une envie de vengeance face à la défaite de 1918, les Allemands se tournent vers le NSDAP, qui semble être le seul parti à pouvoir proposer une solution pour sortir de cette crise. En affirmant vouloir rendre au pays sa force militaire, Hitler séduit l’opinion publique et gagne la confiance de ceux qui n’ont plus foi dans le gouvernement.
Parallèlement aux démonstrations et mises en scène, Hitler compte sur les médias pour servir sa propagande : radio, journaux, cinéma, tout est bon pour promouvoir le nazisme, s’encrer dans les esprits, et exercer une « domination mentale » sur une population en souffrance. Bientôt le nationalisme-socialisme deviendra une « religion politique ». Devant cet engouement, la droite conservatrice n’a d’autre choix que compter sur les nazis et de former un gouvernement de coalition avec eux… avec Hitler à sa tête. La nomination de « l’aventurier sans avenir » au poste de chancelier, le 30 janvier 1933, marque un tournant dans l’Histoire de l’Allemagne.
Revivez, pas à pas, la fabrique du nazisme, dans un pays marqué par la Grande Guerre, où la population semble attendre son sauveur. Très peu ont eu conscience du danger que représentait Adolphe Hitler, un homme incapable d’écouter un avis différent du sien, paranoïaque, et sans scrupules…
mensuel N° 886 / octobre 2020