Historia

Ces Arméniens qui ont fait la France

Rescapés du génocide de 1915, ce sont près de 100.000 Arméniens qui trouvent refuge en France, au début du XXe siècle. Aujourd’hui, ces réfugiés comptent près de 600.000 descendants dans notre pays. Ils se sont intégrés, ont travaillé dur pour se faire une place dans leur pays d’adoption… mais sans jamais renier leurs racines, leurs origines et leurs croyances. Le magazine Historia vous propose un mensuel consacré aux « Arméniens qui ont fait la France », afin de vous présenter l’Histoire méconnue d’un peuple qui, très tôt, forme des alliances avec notre pays.

Dès le XIIe siècle, le royaume arménien de Cilicie s’allie à celui des francs. Ce premier rapprochement est renforcé, au XIVe siècle, lorsque Guy de Lusignan – descendant d’une famille noble poitevine – ceint la couronne, avant que celle-ci ne passe à son neveu, Léon V. Ce dernier, vassal du roi de France, sera le seul monarque étranger à reposer à Saint-Denis, entouré par les rois de France.

Au XVIIe siècle, le Cardinal de Richelieu, puis le ministre Jean-Baptiste Colbert, favorisent les échanges entre l’Orient et l’Occident via le port de Marseille. Les Arméniens, qui comptent de nombreuses familles de négociants, y sont alors très présents. Bien que la crise économique, sous Louis XV, touche les Arméniens, ceux-ci regagneront la France lors de périodes plus troubles, non plus cette fois en tant que marchands mais comme réfugiés politiques.

Dès la fin du XIXe siècle, les Arméniens vont être victimes de persécutions et de massacres de la part de l’Empire Ottoman, contraignant des familles décimées à fuir. Malgré les appels à l’aide, l’Europe semble se désintéresser du sort de l’Arménie. Découvrez comment – comme pour l’affaire Dreyfus – les intellectuels français se mobilisent alors pour que les regards se tournent sur ce peuple en détresse.

Jusqu’en 1915, les arméniens sont victimes de plusieurs tueries. La France devient leur principal pays d’adoption, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ayant restreint leurs quotas. Reconnaissants, les arméniens s’intègrent à leur nouvelle patrie, s’investissent dans les avancées technologiques, contribuent à sa modernisation. De grandes figures émergent ainsi de ces familles d’ Arméniens, qui se revendiquent à la fois françaises et arméniennes : quel meilleur exemple que celui de Charles Aznavour, né à Paris mais de parents d’origine arménienne ? Découvrez les visages et les parcours de ces artistes, ces hommes de lettres ou ces politiciens qui ont contribué au rayonnement de la France, sans jamais renier leurs origines.

Leur force, les arméniens la trouve dans leur Église, leur foi, et leur institution : les lieux de culte sauvegardent leurs traditions, leur identité, leur appartenance à une communauté sur qui chacun d’eux peut s’appuyer. Ainsi, des descendants d’Arméniens, qui sont pourtant nés et qui ont grandi en France, se sentent parfois plus arméniens que leurs parents ou grands-parents, qui ont dû fuir leur pays d’origine.

Il faudra cependant beaucoup de temps pour que le génocide des arméniens soit reconnu, à cause de la politique et des relations diplomatiques. En 1984, le président de la République François Mitterrand est le premier à reconnaître que le peuple d’Arménie a été victime de persécutions, en proclamant aux arméniens : « Vous devez vous sentir chez vous ». En 2001, Jacques Chirac admet publiquement le génocide de 1915, en dépit des menaces de la Turquie, qui dénonce un acte qui va « endommager sérieusement et durablement » les relations avec la France.

Un dossier spécial de 60 pages, instructif et émouvant, pour revivre les destinées singulières des « Arméniens de France ».

mensuel N° 876 / décembre 2019

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