Historia

A la recherche de nos ancêtres : le boom de la généalogie

Le magazine Historia consacre son mensuel à un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur : la généalogie

Autrefois, les recherches généalogiques n’étaient pas à la portée de tout le monde, les données n’étant consultables que dans les services d’archives et dans les souvenirs familiaux, si, par chance, nos grands-parents avaient conservé des documents au sujet de leurs ancêtres (livrets de famille, photographies…).

Depuis la vague internet, au début des années 2010, faire son arbre généalogie est désormais à la portée de tous, grâce aux archives mises en ligne et aux sites d’aide/d’échanges et de regroupements des données, comme Geneanet ou Filae. De nombreux français partent alors en quête de leurs ancêtres, quitte à avoir quelques surprises en remontant le temps…

Tous ceux qui entreprennent des recherches généalogiques ne sont pas guidés par un même but. Certains éprouvent un besoin de mieux se connaître grâce à leurs racines, de comprendre d’où ils viennent. D’autres commencent ce travail pour percer un secret de famille qu’un document officiel pourrait aider à décrypter. 

Très souvent, les archives révèlent que les familles ont longtemps été sédentaires, les couples se formant au sein d’une même commune, ou entre personnes issues de villages voisins. Les métiers exercés par nos ancêtres peuvent également nous aider à comprendre pourquoi ils ont déménagé, changeant parfois de département ou même de pays. Avec ces couples qui voyagent, les enfants qui s’établissent loin des parents, les recherches généalogiques nous permettent d’aller bien au-delà du cercle familial, et de retrouver de nombreux cousins éloignés à travers la France… ce qui débouche parfois sur de grandes « cousinade » (de plus en plus à la mode) réunissant plusieurs dizaines de personnes, qui ont toutes un ancêtre en commun.

Lors de notre enquête, nous découvrons qu’une « légende familiale » peut soudain s’écrouler grâce à la consultation des archives, que notre nom a subi des transformations au fil du temps, perdant ou gagnant une lettre à cause d’une mauvaise transcription dans les livres des états civils. Le choix de certains prénoms s’explique également en découvrant l’existence d’individus jusqu’alors inconnus qui n’ont pas eu de descendance (hommage à un oncle mort à la guerre, transmission du prénom d’un premier enfant mort en bas âge à l’enfant né ensuite…)

Dans certains cas, des cases de notre arbre généalogique resteront malheureusement vides, si l’un de nos ancêtres a été abandonné à la naissance, ou fut un enfant naturel né d’une brève liaison sans lendemain, avec quelqu’un de passage (militaire…). Difficile alors de poursuivre l’ascension dans ces cas où les archives restent souvent muettes.

Le registre des mariages, issu des archives de l'Ariège (source : francearchives.fr)
Le registre des mariages, issu des archives de l’Ariège (source : francearchives.fr)

Dans mon cas personnel, j’ai entrepris des recherches généalogiques pour tenter de percer le mystère d’un ancêtre né avant le mariage de « ses parents » : l’époux était-il le père biologique de l’enfant ou celui-ci était-il né de père inconnu et adopté ensuite par le mari de sa mère ?… Internet permettant d’effectuer de nombreuses recherches depuis chez soi, cela m’a également convaincue d’établir l’arbre généalogique de mon mari. Nous avons ainsi découvert que l’une de ses ancêtres avait accouché à plusieurs reprises sous une fausse identité, car non mariée. Elle n’a reconnu ses enfants (devant un tribunal, sous sa véritable identité) qu’après la mort de son propre père. Cela ouvre d’autres questions : pourquoi avoir attendu et avoir donné un faux nom pour déclarer la naissance des enfants ? La peur d’être rejetée par sa famille ? Celle de se voir retirer ses enfants par le géniteur (qui n’apparaît jamais dans les actes de naissance, ni lors de la reconnaissance par la mère) ? Nous ne pouvons qu’émettre des suppositions… Dans un village voisin du nôtre, où la famille paternelle de mon mari est établie durant de nombreuses années, une rue porte le nom d’un résistant fusillé en 1944 par les allemands, qui a le même patronyme que mon époux. Personne, dans la famille proche, n’avait déjà entendu parlé de cet homme. Les archives départementales et militaires, consultables en ligne, nous ont permis d’établir un lien de parenté entre cet Albert P. et le grand-père de mon époux : les deux hommes étaient demi-frères. Peu de temps après la naissance d’Albert, ses parents avaient divorcé : l’enfant avait été élevé par le second conjoint de sa mère et n’avait que peu fréquenté son demi-frère, en raison de leur grande différence d’âge…

Aujourd’hui, des passionnés vont encore plus loin, en partant à la recherche de leur patrimoine génétique grâce au test ADN, qui n’est pas encore légalisé en France mais proposé par d’autres pays…

mensuel N° 907 / juillet-août 2022 (n° double 907 et 908)

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