100 objets qui ont fait Napoléon
A l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier, le magazine Historia revient sur la vie, l’œuvre et l’héritage de l’empereur, non pas à travers de grandes dates ou des évènements marquants, mais en vous présentant des objets qui ont accompagné Napoléon au fil des années. Si certains d’entre eux sont luxueux, la plupart sont pratiques et beaucoup sont «communs». Ils font tous partie du quotidien de l’empereur. Cela les rend d’autant plus touchants car leur présence – et utilisation – nous révèle un peu du caractère de Napoléon et nous fait rentrer dans son intimité.
A la simple vue du « N » chacun devine l’empereur derrière ce monogramme. Les années passants, la signature de Napoléon évolue au fur et à mesure que l’homme gravit les échelons, passant du général républicain au Premier consul puis se couronnant lui-même empereur. De « Buonaparte » le jeune corse signe ensuite « Bonaparte » lorsqu’il francise son nom, après son mariage avec Joséphine, en 1796. Dès lors qu’il devient Napoléon Ier en 1804, sa signature ne cesse de se raccourcir au fil du temps, débouchant finalement sur un « Np » qui ne laisse pas de doute sur l’identité de l’homme qui l’a apposée. Déjà pour ses contemporains, le « N » de Napoléon est un symbole d’autorité inconstatable. On retrouve ce monogramme sur plusieurs objets ayant appartenu à l’empereur, et sur de nombreux cadeaux qu’il fait à ses proches ou lors d’échanges diplomatiques… une manière habile de faire en sorte qu’on se souvienne de lui.
Lorsqu’on évoque Napoléon Bonaparte, la première image qui nous vient est celle d’un petit homme, dans un uniforme, coiffé d’un bicorne. Le général Bonaparte a fait le choix de la simplicité pour être plus proche de ceux qu’il commande. Si certains le croient négligé, l’homme a, au contraire, compris l’importance de l’image qu’il renvoie. Découvrez les tenues privilégiées par l’empereur ainsi que son célèbre chapeau qui passera à la postérité. Ce couvre-chef sobre et modeste deviendra aussi légendaire que celui qui le porte… peut-être parce qu’il l’accompagnera jusque dans la tombe.
Si Napoléon choisit des vêtements classiques et confortables lorsqu’il est en campagne, il instaure, une fois devenu empereur, un style « Empire » imposant, qui contribue également à son prestige. Du trône marqué du «N », à son épée décorée des joyaux de la couronne, Napoléon impose également son goût pour les meubles massifs et chargés de motifs, parfois inspirés par la Rome antique : abeilles, sphinx, lions mais également aigles (empruntés à l’emblème des légions romaines)… le tout dans un décor aux tons cramoisi, « jaune d’or » et vert !
Homme de terrain, homme d’action, Napoléon paraît toujours en mouvement et surprend ses adversaires par sa rapidité. Chevaux dressés pour affronter les tumultes d’un champ de bataille, bibliothèque portative, lit pliant léger et facile à déplacer, rencontrez tout le nécessaire que Napoléon Ier emmène avec lui lors de ses campagnes, jusqu’à l’émouvante berline qu’il avait fait créer pour se reposer mais aussi pour pouvoir travailler sur les routes. Saisie après la bataille de Waterloo, elle fut exposée à Londres comme un véritable trophée de guerre.
Toute l’Europe craint Napoléon, connu pour être un fin stratège. Si, une fois devenu empereur, l’ancien général continue de rassembler autour de lui, c’est grâce aux discours qu’il adresse à ses troupes mais aussi au peuple à travers les « Bulletins de la Grande Armée » qu’il rédige souvent lui-même. Le style vivant et entraînant de Napoléon se démarque des comptes-rendus classiques et contribue à sa popularité. Car l’ancien général Bonaparte le sait : il n’est empereur qu’en raison de ses succès militaires, à l’inverse des rois qui tiennent leur légitimité de Dieu et de leurs ancêtres. Aussi, le sacre de Napoléon doit servir la propagande impériale. Découvrez le dessin préparatoire de Jacques-Louis David, sur lequel l’empereur se couronne lui-même… pour finalement aboutir au célèbre tableau sur lequel Napoléon couronne son épouse.
S’il cultive l’effet de surprise sur les champs de bataille, l’empereur est également un homme secret, qui s’est aménagé un ensemble de pièces fermées au public dans son « appartement intérieur » au palais des Tuileries. Seuls quelques domestiques loyaux et secrétaires de confiance ont accès à ce lieu où Napoléon travaille. Découvrez les objets qui ont accompagné les idées, les doutes et les réflexions de l’empereur, du bureau mécanique qu’il a souhaité pour conserver ses documents confidentiels à l’abri, aux nombreuses cartes qu’il déplie et parcours jusqu’à sa « cassette de renseignements »…
Stratège, soldat et homme politique, Napoléon Ier est aussi un grand amoureux. Des lettres écrites à Joséphine ont traversé le temps et nous montre une facette inconnue de l’empereur : homme passionné mais souvent absent, Napoléon bombarde son épouse de missives enflammées… auxquelles elle ne répond pas toujours avec la même ardeur. Napoléon se fâche, fait des crises de jalousie sur le papier. Réclamant sans cesse des preuves d’amour, l’empereur éprouve également le besoin de s’approprier les femmes de sa vie en leur donnant une nouvelle identité : ainsi, sa première fiancée, Désirée Clary devient « Eugénie » tandis que sa femme, née Rose Tascher de La Pagerie est rebaptisée « Joséphine ».
Le drame de la vie personnelle de Napoléon, c’est l’absence d’un héritier. Tenant à transmettre son pouvoir à un fils, il se résout à divorcer de Joséphine, pour épouser Marie-Louise d’Autriche. Si la jeune princesse ne lui inspirera jamais la même passion qu’il a eu pour Joséphine, elle lui donne le fils tant espéré. Devenu père, Napoléon emporte toujours avec lui un portrait de « l’Aiglon ». Après la défaite de Waterloo, l’empereur ne reverra plus son enfant, qui occupera toujours ses pensées, comme en témoignent des objets émouvants rappelant les tendres sentiments d’un père pour son fils : miniatures, mèches de cheveux mais aussi un dernier message dicté par l’empereur agonisant et écrit à la hâte au dos d’une carte.
Lettres écrites de sa main, portefeuille, lorgnette, vêtements, boussole, tabatière ou encore nécessaire dentaire, ces objets personnels sont émouvants mais mettent également en lumière le caractère de leur propriétaire : sans être un collectionneur, Napoléon se sert des objets qui l’entoure et les transforme (bureau, berline…) fin de les rendre plus modernes, plus fonctionnels, mais sans doute, également, pour qu’ils participent à forger sa légende, à l’exemple du bicorne qu’on lui associe systématiquement, comme si l’un ne pouvait aller sans l’autre. Grâce à tous ces souvenirs conservés au fil du temps (par le Musée de l’Armée, la Fondation Napoléon, le château de Fontainebleau…) l’Homme qu’était Napoléon, comme le personnage qu’il a voulu incarner au yeux du monde, se dévoile à nous.
spécial N°58 mars/avril 2021
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