Les enfants illégitimes de Louis XIV

10. Louis-Alexandre, comte de Toulouse

Dernier enfant de Louis XIV et de Françoise-Athénaïs de Montespan, Louis-Alexandre naît à Versailles, le 6 juin 1678. A l’inverse de ses frères et sœurs aînés, élevés dans l’ombre par Françoise Scarron jusqu’à leur légitimation, le petit garçon passe son enfance auprès de sa mère, qu’il adore. La marquise de Montespan, touchée par les marques d’amour que lui témoigne son dernier-né, reporte sur lui son affection, d’autant que son fils aîné, le duc du Maine, lui préfère son ancienne gouvernante. Désormais marquise de Maintenon, celle-ci ne s’occupe pas des deux plus jeunes enfants nés des amours du roi et de Mme de Montespan : Louis-Alexandre et sa sœur Françoise-Marie ont pour gouvernante la marquise de Montchevreuil – née Marguerite Boucher d’Orsay (1635-1699) – et n’entretiennent que peu de rapports avec leurs aînés, le duc du Maine et Mlle de Nantes, plus âgés qu’eux.

En 1681, bien que la marquise de Montespan soit éclaboussée par l’Affaire des Poisons, Louis XIV légitime ses deux derniers enfants :  Louis-Alexandre est alors titré comte de Toulouse, le 22 novembre. Le 23 novembre 1683, l’enfant reçoit la charge d’Amiral de France, suite au décès de son demi-frère naturel, le comte de Vermandois. L’année suivante, le jeune prince est nommé colonel d’un régiment d’infanterie qui porte son nom. Bien que comblé d’attentions par le roi, le comte de Toulouse ne réclamera jamais aucun titre et sait rester modeste. Quant aux charges que son père lui attribue, Louis-Alexandre les assumera toujours avec sérieux.  A la cour, il fait la fierté de sa mère, en raison de son charme et de sa douceur. Mme de Caylus témoigne : « La beauté de M. le comte de Toulouse surprit et éblouit tous ceux qui le virent ».

Louis-Alexandre de Bourbon en "amour endormi", par Pierre Mignard (1681)
Louis-Alexandre de Bourbon en « amour endormi », par Pierre Mignard (1681)

En 1687, Louis-Alexandre « passe aux hommes » et quitte Mme de Montchevreuil pour parfaire son éducation auprès de Gabriel Claude de Villers, marquis d’O, son gouverneur. En 1689, le prince est une nouvelle fois distingué par Louis XIV, qui lui offre le gouvernement de la Guyenne. Les attentions du monarque envers ses enfants légitimés ne sont pas sans conséquences à la cour. Lorsqu’il apprend la promotion du comte de Toulouse, Monsieur – le  frère du roi – est furieux : la charge n’avait-elle pas été promise à propre son fils, le duc de Chartres ? Ce ne sera pas la dernière fois que Louis XIV favorisera ses bâtards au détriment des princes du sang, ce qui attirera la jalousie d’une grande partie des courtisans à l’encontre des princes légitimés.

En 1691, Louis-Alexandre atteint l’âge de 13 ans et se voit séparé de sa mère, laquelle quitte la cour définitivement. La France s’étant engagée dans une guerre contre Guillaume d’Orange, le comte de Toulouse a l’occasion de faire ses premières armes cette même année. Le duc du Maine et le duc de Chartres accompagnent également le roi. Le maréchal de Luxembourg est chargé de la formation militaire des princes. Au cours de celle-ci, Louis-Alexandre se rapproche de son cousin, le duc de Chartres, né en 1674. Bien que fort jeune, le comte de Toulouse se montre valeureux. Pour récompenser son courage, Louis XIV le fait chevalier des Ordres de Saint-Michel, le 2 février 1693, et le nomme commandant en chef d’un régiment de cavalerie portant son nom. Le 5 mai 1694, le roi accorde à ses bâtards le rang de « prince intermédiaire », qui place le duc du Maine et le comte de Toulouse juste derrière les princes du sang d’Orléans, de Condé et de Conti.  Le comte de Toulouse devient chevalier des Ordres du roi le 2 février 1693 puis échange, en 1695, son gouvernement de Guyenne contre celui de la Bretagne. Le 3 janviers 1696, Louis-Alexandre est fait Maréchal de camp puis lieutenant des armées du roi, le 3 août 1697. Cette année là, le comte de Toulouse obtient le duché de Penthièvre, situé en Bretagne.

Le comte de Toulouse, tourné vers la Marine, par Hyacinthe Rigaud (vers 1690)
Le comte de Toulouse, tourné vers la Marine, par Hyacinthe Rigaud (vers 1690)

Louis-Alexandre mène une vie calme, sans faire de scandales dans une cour où ce cas est rarissime pour les enfants du roi. Il semblerait néanmoins que le comte de Toulouse ait eu un penchant pour l’épouse du marquis d’O, qui cesse d’être son gouverneur en 1696. Attachée au service de la jeune duchesse de Bourgogne, Marie-Anne de Lavergne de Guilleragues, née en 1660, fut peut-être l’initiatrice de Louis-Alexandre, comme le suggère le duc de Saint-Simon : « Dans les premiers temps où M. de Toulouse commença à se sentir, elle lui plut fort par ses facilités ». Beau et séduisant, le comte de Toulouse plaît et devient bientôt l’amant de la marquise de Châtillon, née Marie-Rosalie de Brouilly.  A elle, succède la belle Jeanne Angélique Roque de Varengeville, épouse du maréchal de Villars. Les liaisons amoureuses du prince restent cependant discrètes et passent souvent inaperçues.

Bien que sa mère, la marquise de Montespan, ait quitté la cour en 1691, Louis-Alexandre entretient de fortes relations avec elle. Il s’entend également très bien avec son demi-frère, Monseigneur le Dauphin, qui partage avec lui le goût de la chasse, comme l’écrit Saint-Simon : « A son éloignement de la bâtardise, il y a apparence qu’il [le dauphin] n’eût jamais reconnu aucun de ces sortes d’enfants. Il ne pouvait souffrit M. du Maine […]. Il traitait le comte de Toulouse avec assez d’amitié, qui avait toute sa vie eu pour lui de grandes attentions à lui plaire et de grands respects ».  Suivant l’exemple de leur père, les petits-fils du roi – les ducs de Bourgogne et de Berry – témoigneront de l’amitié au comte de Toulouse. En revanche, les rapports de Louis-Alexandre avec le duc du Maine sont distants. Outre la différence d’âge, c’est surtout l’épouse de son aîné, Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé, qui sépare les deux frères : le comte de Toulouse se méfie du caractère orgueilleux et conspirateur de sa belle-sœur et s’éloigne donc naturellement de Louis-Auguste. Louis XIV a d’ailleurs toujours marqué sa préférence pour celui-ci, comme le rapporte le duc de Saint-Simon : « Le comte de Toulouse était timide avec le roi, qui s’amusait beaucoup plus de M. du Maine ». 

Le comte de Toulouse en habit de novice du saint esprit, par Louis de Boulogne (1693)
Le comte de Toulouse en habit de novice du saint esprit, par Louis de Boulogne (1693)

En dépit de la crainte que le monarque inspire à Louis-Alexandre, le jeune prince s’attire très vite l’estime de son royal père, lorsqu’en 1704, il prend le commandement de l’armée navale : la France est alors engagée dans la guerre de Succession d’Espagne, et le comte de Toulouse, en tant qu’Amiral, est chargé de défendre la Sicile. Le 24 août, en méditerranée, a lieu la bataille navale de Vélez-Malaga, qui oppose la flotte de Louis-Alexandre à celle, anglo-hollandaise, de l’Amiral George Rooke. Le but des français est de reprendre Gibraltar aux anglais. Les contemporains sont unanimes sur la bravoure dont fait preuve le comte de Toulouse à cette occasion : « Il donna des marques de capacités et d’intelligence qui lui firent autant d’honneur que son courage et son sang-froid  en présence de l’ennemi « . Bien que l’adversaire essuie de lourdes pertes et que les français aient l’avantage durant la bataille, ils ne parviennent à récupérer Gibraltar. Néanmoins, le comportement de l’Amiral a marqué les esprit. L’ambassadeur de France en Espagne écrit à Louis XIV : « Je me contenterai seulement, Sire, de vous témoigner ma joie sur le fait de la bataille et surtout la gloire que s’est acquise Monsieur le Comte, dans une des plus grosses actions qui se soit passées à la mer depuis longtemps. Il n’y a pas deux avis, Sire, sur son intrépidité non plus que sur sa douceur et sur son affabilité au milieu du plus grand danger du monde ». Le duc de Saint-Simon, qui n’est d’ordinaire pas des plus tendres avec les bâtards du roi, note pourtant à propos de Louis-Alexandre :  » Il avait su gagner les cœurs par ses manières douces et affables, par sa justice, par sa libéralité, il emporta ici toute l’estime […] Le comte de Toulouse acquit un grand honneur, en tout genre, en cette campagne ».  Afin de récompenser cet oncle de la main gauche, le roi Philippe V d’Espagne – fils de Monseigneur le Dauphin – nomme le comte de Toulouse chevalier de la Toison d’Or. Le courage du jeune Louis-Alexandre fait quelque peu oublier sa bâtardise aux yeux des courtisans.

En 1706, Louis XIV offre à son fils une nouvelle terre : le duché de Rambouillet, où le comte de Toulouse s’installe rapidement. Des travaux sont entrepris et durent jusqu’en 1709. Le roi lui-même viendra y séjourner par deux fois avec une petite cour. Le domaine de Rambouillet permet surtout à Louis-Alexandre de s’échapper de la cour : « Naturellement silencieux, le comte de Toulouse se plut à vivre derrière les bois qui le séparaient de Versailles, lisant beaucoup, chassant, s’enfonçant dans l’étude de la navigation ». Avec le temps, le roi se rapproche de Louis-Alexandre, avec qui il partage le goût pour la chasse mais aussi la musique et l’architecture. Le 27 mai 1707, le comte de Toulouse perd sa mère. Il cache alors son chagrin à Rambouillet, sachant qu’il ne peut porter le deuil, Mme de Montespan n’étant pas nommée sur les actes de légitimation des bâtards qu’elle a eus du roi. Des enfants de la marquise, c’est sans doute son dernier-né qui est le plus touché par sa disparition.

 Louis-Alexandre de Bourbon, par Alexis Simon Belle (vers 1705)
Louis-Alexandre de Bourbon, par Alexis Simon Belle (vers 1705)

En 1709, le comte de Toulouse montre les premiers signes de la maladie de la pierre, dont il ne sera opéré qu’en novembre 1711. L’intervention, risquée, est une réussite : « On apporta au roi, à son lever, la pierre qu’on lui avait tirée et qui est grosse comme un abricot et si dure qu’elle ne s’est point cassée quoique le roi, en la montrant aux courtisans, l’ait laissée tomber« . Si le comte de Toulouse se rétablit, Louis XIV doit faire face à une série de deuils avec les disparitions successives de Monseigneur le dauphin, puis de son petit-fils, le duc de Bourgogne, respectivement en avril 1711 et février 1712. L’héritier de la couronne, l’arrière petit-fils du roi, n’est alors âgé  que de 2 ans. Le monarque absolu masque son chagrin en chassant. A ces occasions, il lui arrive de mêler ses chiens à ceux du comte de Toulouse, lesquels forment alors une magnifique meute. En 1714, le roi attribue à son fils la charge de Grand veneur, alors vacante. Si Louis-Alexandre est ravi de cette charge, impliquant l’organisation des chasses royales, sa nomination est assombrie par la mort brutale, en mai, du duc de Berry, petit-fils de Louis XIV et compagnon de chasse du comte de Toulouse.

Suite à la disparition du dernier de ses petits-fils  – Philippe V ayant renoncé à ses droits à la couronne de France – le roi déclare le duc du Maine et le comte de Toulouse, aptes à monter sur le trône « si malheur arrivait que la race masculine des princes du sang vînt à manquer totalement », par l’édit royal du 28 juillet 1714. Dans cette affaire, Louis-Alexandre n’est pas intervenu, comme le confirme Saint-Simon : « Le comte de Toulouse profita de ce monstrueux événement sans y avoir aucune part. Ce fut l’ouvrage de son frère […] ». L’ultime faveur que fait Louis XIV à ses fils légitimés intervient le 23 mai 1715, lorsqu’il leur accorde le statut de prince du sang : le duc du Maine et le comte de Toulouse deviennent les égaux de leurs « cousins » Orléans, Condé et Conti. A la cour, c’est un véritable scandale, les bâtards des rois de France ayant toujours été écartés de la succession, la loi successorale stipulant que seuls les enfants mâles nés d’une union légitime peuvent prétendre au trône. Enfin, dans son testament, le monarque vieillissant confie la régence du royaume à ses fils légitimés, écartant ainsi son neveu, le duc d’Orléans (anciennement duc de Chartres, il a épousé leur sœur, Françoise-Marie de Bourbon).

Le comte de Toulouse, par Hyacinthe Rigaud (vers 1708)
Le comte de Toulouse, par Hyacinthe Rigaud (vers 1708)

C’est à la fin du règne de Louis XIV, alors qu’il est en cure à Bourbon-l’Archambault pour « soigner ses douleurs d’entrailles », que le comte de Toulouse retrouve la jeune et jolie marquise de Gondrin. Née en 1688,  Marie-Victoire Sophie de Noailles a épousé Louis de Pardaillan de Gondrin, petit-fils légitime du marquis et de la marquise de Montespan (et donc neveu de Louis-Alexandre). Ce dernier est mort de la rougeole en 1712, laissant une jeune veuve avec plusieurs enfants. Mme de Gondrin est venue prendre les eaux afin de se remettre de la fausse-couche qu’elle a faite juste après la mort de son époux. Une liaison naît entre elle et le comte de Toulouse, mais va demeurer secrète.

Louis XIV meurt le 1er septembre 1715. Comme il l’avait pressenti, son testament est cassé par le Parlement dès le lendemain. Tandis que le duc d’Orléans est nommé Régent de France, les princes du sang réclament la suppression des privilèges accordés par le Roi-Soleil à ses bâtards. Si le duc du Maine proteste, le comte de Toulouse reste en retrait. Par solidarité, il soutient son frère aîné, mais se garde bien de le faire publiquement. Conformément au testament de Louis XIV, ses fils légitimés sont néanmoins admis au conseil de régence.  Le duc du Maine conserve également la surintendance de l’éducation du jeune Louis XV, tandis que la présidence du conseil de la Marine est confiée au comte de Toulouse, lequel est toujours Amiral de France. En 1717, le Parlement casse les édits de 1714 et 1715, qui avaient fait des deux frères des princes du sang, aptes à monter sur le trône. Si un réseau de soutien s’active autour du duc du Maine, le comte de Toulouse reste en retrait. Ce n’est pas tant Louis-Auguste de Bourbon qui tempête, mais son épouse, Louise-Bénédicte de Condé.

Le comte de Toulouse, par Hyacinthe Rigaud (vers 1708)
Le comte de Toulouse, par Hyacinthe Rigaud (vers 1708)

Le 26 août 1718, le Parlement se réunit à nouveau. Avant la séance, le Régent prévient le comte de Toulouse : «  Pour vous, vous pouvez demeurer en sûreté. Vous demeurez tel que vous êtes, sans altération. Mais des choses désagréables vont se passer pour le duc du Maine dont vous feriez mieux de ne pas être témoin […] Tout ce que je puis faire, est de distinguer le mérite et la vertu. Je n’oublie pas que nous sommes beaux-frères et vous gardez toute mon amitié ». Louis-Alexandre tient néanmoins à rester : « Dès lors que l’on s’attaque à mon frère, je reste […] parce que nous ne sommes qu’un mais aussi par honneur« . Ce jour-là, la surintendance de l’éducation du roi est retirée au duc du Maine. Le rang intermédiaire, accordé par Louis XIV à ses fils légitimés, est lui-aussi supprimé. Cependant, à titre exceptionnel, Philippe d’Orléans conserve au comte de Toulouse le statut de « prince intermédiaire » : « Tout le monde connaît sa vertu, son mérite, son application, sa probité, son désintéressement […] J’ai cru pouvoir rendre par la grâce ce que j’ôte par équité à la naissance et faire une exception personnelle de M. le comte de Toulouse ». Ainsi, à cause du tempérament conspirateur de son épouse, le duc du Maine est écarté du pouvoir. Si Louis-Alexandre garde l’amitié du Régent et son rang – grâce à son comportement exemplaire – il doit rendre sa charge de secrétaire d’Etat à la Marine, le 24 septembre 1718. En 1722, il perdra la présidence du Conseil de la Marine. Bien qu’il soit toujours à la tête de l’amirauté, le comte de Toulouse n’aura bientôt plus qu’un rôle de représentation.

S’il n’est toujours pas marié, Louis-Alexandre a cependant eu deux fils naturels d’une certaine Madeleine d’Aumont, dont on ignore tout, reconnus sous le nom de « Sainte-Foy » : Louis Alexandre (1720-1723) et Philippe Auguste (1721-1794). Le 2 février 1723, le comte de Toulouse épouse secrètement  Marie-Victoire de Noailles, qu’il fréquente depuis une dizaine d’années. Le duc de Saint-Simon écriera : « Rien n’en transpira et on fut longtemps sans rien soupçonner, d’autant que le comte de Toulouse avait toujours paru fort éloigné de se marier« . Ce mariage d’amour ne sera dévoilé qu’après la mort du Régent, survenu le 2 décembre 1723, et scandalise la fratrie du comte de Toulouse. Celui-ci déclare qu’il a tenu son union secrète « pour ne pas déplaire au duc d’Orléans« . Mais ce sont surtout les origines non princières de Marie-Victoire de Noailles qui déplaisent au frère et sœurs de Louis-Alexandre. Cependant, la mariée est issue d’une famille puissante, d’ancienne noblesse et son père n’est rien moins que maréchal de France.

Marie-Victoire de Noailles, par l'Ecole Française (XVIIIe siècle)
Marie-Victoire de Noailles, par l’Ecole Française (XVIIIe siècle)

De ce mariage tardif naît un fils, le 16 novembre 1725 : Louis Jean Marie, titré duc de Penthièvre. Louis XV confirme le rang de prince « intermédiaire » aux enfants du comte de Toulouse, en 1727. Le ménage Toulouse est heureux et le duc de Luynes témoigne : « On ne peut exprimer jusqu’à quel point était une union qui malheureusement n’était pas assez imitée […] L’amour le plus vif et l’amitié la plus tendre avaient éteint tous les autres sentiments. Depuis qu’ils sont mariés ils ont toujours couché dans la même chambre et je ne crois pas qu’on pût trouver huit jours qu’aucun événement les ait séparés ».

A Rambouillet, le comte de Toulouse s’intéresse de près à l’éducation de son fils, qu’il tient éloigné des intrigues de la cour et qu’il prépare à reprendre sa charge d’Amiral de France. Bien que certains le disent en disgrâce, Louis-Alexandre reçoit régulièrement la visite de Louis XV  : privé de ses parents très jeune, le roi aime la compagnie du couple Toulouse, d’autant plus que la comtesse a été au service de sa mère. A Rambouillet, Louis XV chasse avec le comte mais c’est également un lieu où il rencontre, en toute discrétion, Mme de Mailly-Nesle, sa première favorite. La comtesse de Toulouse saura être une alliée précieuse pour le monarque, en protégeant ses liaisons amoureuses.

Le duc de Penthièvre, enfant (attribué à Jean-Marc Nattier, XVIIIe siècle)
Le duc de Penthièvre, enfant (attribué à Jean-Marc Nattier, XVIIIe siècle)

Avec les années, Louis-Alexandre s’affaiblit, victime d’une récidive de la maladie de la pierre dont il a déjà été opéré en 1711 : « M. le comte de Toulouse est très incommodé depuis quelque temps […] Cela a formé des ulcères dans la vessie en sorte qu’on s’est déterminé à lui faire une opération« . La fin de la vie du comte est marquée par la mort de son frère aîné, le duc du Maine, en mai 1736. Les deux frères ne s’étaient jamais réconciliés, depuis le retour d’exil de Louis-Auguste – compromis dans la conspiration de Cellamare en 1718 – et le mariage du comte de Toulouse.  Le 9 novembre 1737, Louis-Alexandre est de nouveau opéré mais contracte une infection. Proche de la fin, il assure Louis XV de son affection et lui recommande son épouse, et son fils âgé de 12 ans : « Vous direz au Roi qu’il perd en moi un serviteur bien fidèle et bien attaché« . Le comte de Toulouse décède à Rambouillet, le 1er décembre 1737, et y est inhumé. Marie-Victoire de Noailles obtient du roi que le petit duc de Penthièvre hérite des charges d’Amiral et de Grand veneur de France. Toujours très proche du monarque, la comtesse de Toulouse décédera en 1766.

A l’image de son père, Louis Joseph Marie de Bourbon restera à l’écart des intrigues de la cour, et sera apprécié de Louis XV comme de Louis XVI. Il vendra le domaine de Rambouillet au roi en 1783, et transférera les restes de sa famille dans la chapelle royale Saint-Louis, à Dreux. Il mourra en mars 1793, en pleine Révolution Française.

Bibliographie : 

Le comte de Toulouse, par Jacques Bernot
Les reines de France au temps des Bourbons : les Femmes du Roi-Soleil, par Simone Bertière
Les bâtards du Soleil, par Eve de Castro
Madame de Montespan, par Jean-Christian Petitfils