Les enfants illégitimes de Louis XIV

08.Louise-Marie-Anne, Mademoiselle de Tours

Cinquième enfant issu des amours du roi Louis XIV et de la marquise de Montespan, Louise-Marie-Anne voit le jour le 12 novembre 1674, à Saint-Germain-en-Laye. Sa naissance intervient l’année suivant la légitimation des premiers enfants adultérins de la maîtresse du roi et peu de temps après la séparation officielle des époux Montespan. La fillette n’aura donc pas à être élevée dans l’ombre, comme les premiers bâtards de la belle Athénaïs. La petite fille est le dernier enfant de la marquise à être confié à  Mme de Maintenon, gouvernante de ses frères et sœur.  Louise-Marie est légitimée par le roi en janvier 1676 et titrée Mademoiselle de Tours. Elle reçoit le surnom affectueux de « Toutou » (sans doute en référence à son titre). Bien qu’elle louche quelque peu, la fillette est « la plus jolie du monde : beaucoup d’esprit et de beauté » écrit à son sujet la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV. 

L’enfant est très proche de sa sœur aînée, Mlle de Nantes. En janvier 1680,  Louis XIV donne le titre de « prince » (et princesse) de Bourbon aux quatre enfants premiers-nés d’Athénaïs de Montespan, effaçant ainsi un peu plus leur tâche de bâtardise. 

Portrait présumé de Mlle de Tours, par Alexis Belle (XVIIe ou XVIIIe siècle)
Portrait présumé de Mlle de Tours, par Alexis Belle (XVIIe ou XVIIIe siècle)

Si Louise-Marie charme son entourage, elle prend en grandissant une « disposition maladive » et on la dit « malingre et souffreteuse ». Elle a « un air qui donne à ses yeux une langueur émouvante ». Mlle de Tours tombe régulièrement malade et Mme de Maintenon craint pour sa vie, en 1679. En 1681, on envoie Marie-Louise prendre les eaux, pour se fortifier, à Bourbon-l’Archambault. Au cours du mois de septembre, la fillette est prise de fièvres et de maux de tête. Les médecins, dont Fagon, premier médecin du roi accouru au chevet de la princesse, ne parviennent pas à comprendre la nature du mal, qui emporte Louise-Marie en quelques jours, le 15 septembre. Alertée sur l’état de santé de sa fille, Mme de Montespan est alors en chemin pour la rejoindre, mais arrive trop tard.  Selon la volonté du roi, Mlle de Tours est inhumée le 19 septembre, dans la chapelle neuve de  l’église de Souvigny, dans le caveau de la branche aînée des Bourbons, non loin du lieu où elle est décédée. 

Lors de la légitimation de Mlle de Tours, le nom de la mère n’avait pu être inscrit, pour protéger l’enfant de l’époux de la favorite. La marquise de Montespan ne peut donc jouer aucun rôle lors des funérailles de Louise-Marie, bien qu’elle soit abattue par la mort de sa fille. Dans une lettre au duc du Maine, datée du 28 septembre 1681, Athénaïs fait part de son chagrin : « Je ne vous parle point de ma douleur ; vous êtes de trop bon naturel pour ne l’avoir pas ressentie par vous même. Mlle de Nantes a été touchée […] et a reçu les visite de la reine, de Madame la Dauphine et de toute la cour d’une grâce merveilleuse ». En effet, la mère de l’enfant n’apparaissant dans aucun document officiel, c’est à la sœur aînée de Louise-Marie, Mlle de Nantes, que toute la cour présente ses condoléances. C’est beaucoup a supporter pour la jeune Louise-Françoise, âgée de 8 ans, qui pleure sa compagne de jeux avec laquelle elle a toujours partagé son quotidien.  Mme de Montespan constate tristement : « tous les lieux où j’ai vu cette pauvre enfant me touchent sensiblement […] les vapeurs ne me quittent point depuis la perte que nous avons faite »

Louise-Marie de Bourbon, "la fillette aux bulles de savons" par Pierre Mignard (1682)
Louise-Marie de Bourbon, « la fillette aux bulles de savons » par Pierre Mignard (1682)

Louise-Marie est représentée à titre posthume sur le tableau « la fillette aux bulles de savon », que le peintre du roi, Pierre Mignard, réalise en 1682. On y découvre une délicieuse enfant, jouant aux bulles en compagnie de son chien, mais avec un sourire triste qui rappelle sa santé délicate. Ce portrait de Mlle de Tours évoque la vie éphémère où la bulle de savon symbolise le temps qui passe : l’existence humaine est ici comparée à une simple bulle, fragile et de courte durée. Le perroquet présent en bas du tableau renvoie à la pureté et l’innocence de la princesse décédée. 

Bibliographie :

Trois amours de Louis XIV  (tome 2 : Madame de Montespan) par Pierre Audiat
Madame de Montespan : grandeur et décadence d’une favorite par Henri Carré
Les Bâtards du Soleil  par Eve de Castro 
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