Les enfants royaux

07. Louis-François, duc d’Anjou, fils de Louis XIV

Lorsqu’elle perd sa fille, la petite Madame, la reine Marie-Thérèse est enceinte et espère beaucoup de cette nouvelle maternité, comme en témoigne le marquis de Saint-Maurice  : « Jamais on n’a vu tant de joie à une femme qu’elle en a de sa grossesse. Elle dit à tout le monde qu’elle mourra satisfaite si elle peut encore donner un prince à la France ».  La France est alors en guerre contre les Pays-Bas espagnols et Louis XIV n’est pas présent lors de l’accouchement de la reine. Comme elle l’espérait, Marie-Thérèse accouche le 14 juin 1672  d’un troisième fils, qui hérite du titre de duc d’Anjou, vacant depuis la mort du petit Philippe-Charles, décédé l’année précédente. La naissance d’un nouveau duc d’Anjou est une consolation pour le couple souverain qui a déjà perdu quatre enfants en bas âge. Averti de l’heureux événement, Louis XIV écrit au maréchal de Turenne, depuis les Provinces-Unis : « Mon cousin, je n’ai que le temps de vous que la Reine est accouchée d’un garçon. Je crois que cette nouvelle vous fera plaisir, sachant l’amitié que vous avez pour moi ».  Hélas, le second petit duc d’Anjou montre rapidement des signes de faiblesse. Même depuis la zone des combats, Louis XIV se préoccupe du nourrisson et il écrit à Mme de La Motte depuis Utrecht, en juillet : « Je suis bien aise de ce que vous me mandez du bon état de mon fils, le duc d’Anjou. J’espère que cela continuera ». Le roi approuve à distance un changement de nourrice, que recommandent les médecins. 

La reine Marie-Thérèse et le dauphin (détail d'un tableau de Charles et Henri Beaubrun), 1665
La reine Marie-Thérèse et le dauphin (détail d’un tableau de Charles et Henri Beaubrun), 1665

Malgré les soins apporté au duc d’Anjou, l’état de santé du petit prince ne s’améliore pas. Il est baptisé en hâte le 1er novembre et reçoit le prénom de Louis-François. Il décède le 4 novembre 1672 à l’âge de quatre mois. De Versailles, le roi écrit au prince de Condé, le 7 novembre : « Mon cousin, l’unique sujet de cette lettre est la perte que nous avons faite de mon fils, le duc d’Anjou ». Disparu très jeune, le petit Louis-François n’apparaît sur aucun portrait.  

Des six enfants que Marie-Thérèse d’Autriche a donnés au roi, seul le dauphin parviendra à l’âge adulte. Si la reine attribue la mort de ses enfants à un signe de Dieu voulant préserver leur âme, Louis XIV ne peut s’empêcher d’y voir un châtiment divin, en punition de ses liaisons extra-conjugales. Quant à la princesse Palatine, jeune épouse du duc d’Orléans depuis 1671 et nouvellement arrivée à la cour de France, elle rend les hommes de sciences responsables de l’hécatombe qui frappe la descendance de Louis XIV, et écrit dans sa correspondance, le 23 novembre 1672 : « Ici, aucun enfant n’est en sécurité puisque les médecins ont déjà expédié cinq enfants de la reine dans l’autre monde ». Si les remèdes et les choix des médecins peuvent contribué à mener au tombeau les enfants du couple royale, la consanguinité (Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche étant cousins germains)  joue certainement un rôle, car on lui doit la constitution fragile des enfants légitime du monarque, ce qui n’a pas permis à cinq d’entre eux de franchir le cap de la petite enfance.

Bibliographie : 

– Œuvres de Louis XIV: Lettres particulières (Tome V, édition de 1806)
Marie-Thérèse d’Autriche : épouse de Louis XIV, par Jöelle Chevé
Lettres de Madame, duchesse d’Orléans, née princesse Palatine par Elisabeth-Charlotte de Bavière