Les enfants illégitimes de Louis XIV

06.Louis-César, comte de Vexin

Fils du roi Louis XIV et de la marquise de Montespan, Louis-César naît le 20 juin 1672, au château du Génitoy, en Seine-et-Marne. Conformément au souhait du roi, l’enfant est baptisé Louis-César. Il vit, comme ses aînés, dans l’ombre de la cour jusqu’au 20 décembre 1673, date à laquelle Louis XIV légitime les enfants que lui a donnés Athénaïs de Montespan. A cette occasion, Louis-César est titré comte de Vexin. Le roi destine cet enfant à l’Eglise (pour se racheter de l’adultère qu’il commet avec Mme de Montespan ?) et demande au pape Innocent XI d’accorder une dispense pour que son fils légitimé puisse obtenir des abbayes. Le souverain pontife se laisse fléchir, condamnant cependant la vie dissolue de Louis XIV.  Louis-César  est donc fait abbé de Saint-Germain-des-Prés, puis abbé de Saint-Denis en 1679. En raison de l’âge de l’enfant, ces charges sont alors purement honorifiques, d’autant que le petit garçon est d’une santé fort délicate : le comte de Vexin est un nourrisson bien chétif et sa gouvernante, Françoise Scarron doute qu’il vive bien longtemps. En effet, le fils du roi est né difforme : sa colonne vertébrale présente une  sévère scoliose. De ce fait,  l’une de ses épaules est plus haute que l’autre et il demeurera bossu. Son frère aîné, le duc du Maine, est lui aussi, né avec une infirmité : pour les contemporains de Louis XIV, Dieu punit le double adultère du roi et de la marquise de Montespan, à travers les disgrâces physiques de leurs enfants. 

Louis-César de Bourbon, d'après Pierre Mignard (XVIIe siècle)
Louis-César de Bourbon, d’après Pierre Mignard (XVIIe siècle)

En 1674, Louis-César vient s’installer à la cour avec son frère aîné le duc du Maine, sa sœur Mlle de Nantes et leur gouvernante, Mme Scarron, devenue marquise de Maintenon. Les médecins de la cour tentent alors, sans succès, de faire disparaître la bosse du petit comte par tous les traitements possibles et imaginables. Mme de Caylus, proche de Mme de Maintenon, écrit au sujet du comte de Vexin : « Il avait un défaut de conformation analogue à celui du duc du Maine […] J’ai ouïe dire que l’on avait fait à ce jeune prince treize cautères le long de l’épine du dos ». Ces actes médicaux, et l’acharnement des médecins à redresser son dos, tourmentent l’enfant plus qu’autre chose et contribuent, certainement, à la dégradation de sa santé :  en 1675, Louis-César s’alite, veillé par sa mère et par la sœur de celle-ci, Mme de Thianges. Très pieuse, et ayant elle-même perdu de nombreux enfants, la reine Marie-Thérèse vient même prendre des nouvelles du comte de Vexin. Encore une fois, on craint qu’il ne meure. Pourtant, il survit mais, en 1678, l’état de Louis-César se dégrade brutalement. Dès lors, il ne quitte guère son lit et ne supporte plus la lumière du jour.

Depuis que Louis XIV a mis un terme à sa liaison avec elle, la marquise de Montespan passe une grande partie de son temps auprès de son fils. Elle veille ainsi sur lui durant plusieurs mois, dans la chambre du prince plongée dans l’obscurité. Louis-César s’éteint le 10 janvier 1683, après une vie de souffrance. Mme de Caylus note que le petit comte de Vexin « ne vécut que pour faire voir par ses infirmités qu’il était heureux de mourir. » Le décès de Louis-César n’est cependant pas dû à sa difformité de naissance mais peut-être aux nombreux traitements que les médecins lui ont fait prendre. Certains attribuent également sa mort à une infection cérébrale, une méningo-encéphalite, maladie qui a pu également toucher d’autres enfants de Mme de Montespan, décédés en bas âge. Lorsque le comte de Vexin succombe, il faut arracher la marquise de Montespan du lit de son fils. Pour elle, la mort de Louis-César est « un drame qui la toucha en profondeur » (Jean-Christian Petitfils), après la disparition de l’une de ses filles, Mlle en Tours, en 1681. Le petit prince légitimé est inhumé à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris le 13 janvier, et Louis XIV ordonne que la cour prenne le deuil pour six mois. 

Mme de Montespan, le duc du Maine et le comte de Vexin, par l’atelier de Mignard (XVIIe siècle)
Mme de Montespan, le duc du Maine et le comte de Vexin, par l’atelier de Mignard (XVIIe siècle)

En 1844, dans son « Louis XIV et son siècle », l’écrivain français Alexandre Dumas relate la mort du comte de Vexin, ainsi que les mots qu’il aurait eu pour sa gouvernante, Mme de Maintenon : « Madame, tout le temps que vous avez été commise pour surveiller ma conduite, j’ai tâché, autant qu’il a été en moi, de vous obéir pour montrer ma déférence à mes parents qui vous avaient placée auprès de nous ; Mme de Thianges, que j’aime pourtant de tout mon cœur, s’est bien trompée et, sans le vouloir, a bien trompé sa sœur en l’assurant que vous étiez franche et bonne, tandis que vous n’êtes ni l’un ni l’autre. Ne croyez pas que ce soit l’amour que vous portez à M. du Maine qui m’ait inspiré de la jalousie et qui m’empêche de vous aimer ; non, c’est parce que vous m’avez toujours conseillé la dissimulation, que vous me repreniez avec humeur quand je disais ce que je pensais, et que vous ne vous êtes pas cachée devant nous de ne pas aimer Mme de Montespan, tandis qu’elle vous comblait de bontés. Cela est vilain d’être ingrat, et je le dis devant ma bonne amie (c’est ainsi que le comte de Vexin aimait appeler sa mère) et devant Mme de Thianges : vous êtes une ingrate ».  Bien que Louis-César ait été considéré comme fort intelligent par ses contemporains, on imagine mal un enfant de 10 ans, à l’agonie, tenir ce discours à celle qui a pris soin de lui.  Alexandre Dumas cherche ici, sans doute, à noircir l’image de Mme de Maintenon pour la postérité. 

Bibliographie :

Les reines de France au temps des Bourbons : les Femmes du Roi-Soleil, par Simone Bertière
Les bâtards du Soleil, par Eve de Castro
–  Madame de Montespan, par Jean-Christian Petitfils 

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