05. Louis-Aimé de Bourbon
Le 13 janvier 1762, Anne Couppier de Romans, maîtresse de Louis XV, accouche d’un garçon baptisé le lendemain sous le nom de Louis-Aimé de Bourbon. Cet enfant demeure le seul que le roi ait reconnu comme étant le sien. En effet, Louis XV apparaît toujours sous un nom d’empreint dans les actes de baptême de ses enfants naturels. Or, pour celui de Louis-Aimé, le père est nommé « Louis de Bourbon » : la paternité du monarque ne fait alors aucun doute. Louis XV n’accepte de reconnaître cet enfant que « sous le secret de la confession ». Autrement dit, seul le curé peut connaître l’identité réelle du père de Louis-Aimé. Cependant, grâce au nom de « Bourbon », toute la cour ne tarde pas à être informée que Louis XV a eu un enfant naturel de sa maîtresse. Si Louis-Aimé est le seul de ses enfants illégitimes que le roi reconnaisse, c’est probablement en raison des origines de la mère de l’enfant : Anne Couppier de Romans appartient à la bourgeoisie, comme la marquise de Pompadour – et ne ressemble en rien aux autres petites maîtresses passagères de Louis XV, qui sont de plus basse naissance et ne peuvent avoir aucune revendication pour leurs enfants nés du roi. Après son accouchement, Mlle de Romans se montre partout avec son nouveau-né, l’allaitant en public, fière d’avoir donné un fils roi. A la cour, on murmure que Louis XV va titrer son fils comte Blois ou de Gisors. Si Louis-Aimé porte le nom de « Bourbon », sa mère tient à ce que le roi légitime son fils et cherche des appuis à la cour. Furieux, Louis XV exile sa maîtresse en province et lui retire Louis-Aimé. L’enfant est élevé par des personnes ayant la confiance du roi. Malgré les demandes répétées de Mlle de Romans pour revoir son fils, Louis XV n’accédera jamais à ses requêtes. Elle doit se contenter de recevoir des nouvelles de son enfant par des intermédiaires.
Ce n’est qu’en 1774, après la mort de Louis XV, que Mlle de Romans – devenue entre temps marquise de Cavanac par son mariage – peut récupérer son fils après en avoir fait la demande auprès de Louis XVI. Louis-Aimé a 12 ans et est tonsuré : son destin est d’entrer dans les ordres. En effet, les princes du sang n’ont aucune envie que Louis XV laisse une descendance mâle bâtarde, ayant à l’esprit les anciennes tensions entre les bâtards de Louis XIV et les princes de la maison royale. En août de la même année, Louis-Aimé reçoit des lettres de reconnaissance de noblesse par le roi, qui attestent de sa royale naissance.
Louis XVI accorde à son jeune oncle naturel l’abbaye royale de Saint-Vincent de Metz. En 1777, Louis-Aimé, abbé de Bourbon, reçoit l’abbaye de Signy, dans les Ardennes. C’est au cours de cette année que le jeune abbé noue des relations fraternelles avec sa demi-sœur, Madame Louise, carmélite au couvent de Saint-Denis. Louis-Aimé restera très proche de celle-ci. En 1781, il fait la connaissance d’une autre demi-sœur, Madame Adélaïde. Bien que l’abbé de Bourbon n’ait pas eu de vocation religieuse, il fait honneur à celle-ci et donne une très bonne image de lui. En 1785, Madame Louise l’encourage à se rendre à Rome pour rencontrer le pape et compléter son éducation religieuse. Louis-Aimé y est accueilli par le cardinal de Bernis, ambassadeur auprès du siège apostolique. Une amitié s’instaure vite entre les deux hommes et Bernis ne tarit pas d’éloges sur le jeune abbé de Bourbon. A la fin de l’année 1786, Louis-Aimé quitte Rome pour Naples. C’est là qu’il décède le 28 février 1787 de la tuberculose, âgé de seulement 25 ans. Attristée par la mort de son demi-frère, Madame Louise écriera : « Le Seigneur a cueilli cette jeune plante de crainte que le grand air ne lui fît du tort ». Louis-Aimé de Bourbon repose dans une chapelle de Santa-Maria-la-Nuova, à Naples.
Bibliographie
– Louis XV, par Michel Antoine
– Les bâtards de Louis XV et leur descendance, par Joseph Valynseele et Christophe Brun
– Les enfants de Louis XV : descendance illégitime, par Henri Vrignault