Les enfants royaux

03. Anne-Elisabeth, fille de Louis XIV

Première fille de Louis XIV et de l’Infante d’Espagne Marie-Thérèse d’Autriche, Anne-Elisabeth naît au Louvre, le 18 novembre 1662. En raison de la forte mortalité infantile, la reine souhaite que sa fille soit baptisée le plus rapidement possible, afin que le paradis ne lui soit pas fermé en cas de décès.  La princesse reçoit les prénoms de ses grands-mères, Anne d’Autriche et Elisabeth de France et est titrée « la petite Madame ». Hélas, l’état de santé d’Anne-Elisabeth se dégrade rapidement et celle-ci meurt le 30 décembre, d’une fluxion de poitrine, affectant la famille royale : « Le roi pleura tendrement, la reine en fut sensiblement affligée » rapporte Mme de Motteville qui précise que « cette petite princesse promettait d’être fort jolie si elle avait vécu ». A l’époque, Louis XIV délaisse la reine pour la jeune Louise de la Vallière. La mort d’Anne-Elisabeth rapproche ses parents l’espace d’un moment. 

Anne d’Autriche se désole, elle aussi, de la mort de la petite Madame, regrettant « de voir partir sa petite-fille dans le commencement de sa vie ».  Bien que de nombreux enfants décèdent en bas âge au XVIIe siècle, la disparition de la princesse peut également être imputée à la consanguinité, ses parents étant cousins germains. 

Anne-Elisabeth et Marie-Anne de France (détail du tableau de Jean Nocret, 1670)
Anne-Elisabeth et Marie-Anne de France (détail du tableau de Jean Nocret, 1670)

La reine mère demande à Louis XIV si le cœur d’Anne-Elisabeth peut être confié au couvent du Val-de-Grâce à Paris, où  elle-même désire laisser le sien à sa mort. Le roi accepte et la petite Madame inaugure ainsi la tradition selon laquelle le cœur des princes et princesses de la Maison Royale y seront désormais déposés. 

A la cour de France, le deuil n’est pas pris pour la mort d’un enfant de moins de 7 ans. La petite princesse, décédée au berceau, est donc vite oubliée et les festivités reprennent avant même qu’elle ne soit inhumée à Saint-Denis.  La seule représentation d’Anne-Elisabeth est réalisée à titre posthume,  par Jean Nocret en 1670, sur le tableau de la famille royale en divinités. La princesse disparue y figure dans un cadre, auprès sa sœur Marie-Anne, elle aussi morte au berceau. 

Bibliographie : 

–  Madame Louis XIV, par Bruno Cortequisse
Mémoires de Madame de Motteville, par Françoise Bertaut de Motteville