02. Agathe-Louise de Saint-Antoine de Saint-André
Le 10 juillet 1754, le duc de Luynes note : « On a eu des nouvelles que Mademoiselle Morphise est accouchée d’une fille à Paris ». En effet, le 20 juin (ou le 30 selon les sources), Marie-Louise O’ Murphy, petite maîtresse de Louis XV, a donné le jour à l’enfant de son royal amant. Baptisée le jour de sa naissance par le curé de la paroisse Saint-Paul, la petite fille était dite « fille de Louis Saint-André, ancien officier d’infanterie et de Louise-Marie de Berhini, demeurant rue Saint-Antoine ». Louis XV ne comptait pas reconnaître ses enfants naturels, nés de petites maîtresses et d’une brève liaison. Aussi, Agathe-Louise porta le nom de son père fictif ainsi que le nom de la rue où elle naquit ! De suite, elle est enlevée à sa mère et mise en nourrice. Par la suite, Agathe-Louise est placée au couvent de la Présentation afin d’y être élevée. Louis XV paye alors la pension de sa fille naturelle et Louis Yon – ancien secrétaire du contrôleur des finances – et Jean-Michel Delage – ancien notaire – hommes de confiance du roi, en sont les tuteurs.
On ignore si Agathe-Louise rencontra un jour sa mère dont elle a été séparée dès la naissance. L’Abbé Soulavie relatera plus tard une hypothétique rencontre entre Marie-Louise O’ Murphy et sa fille naturelle : au début des années 1770, Marie-Louise place sa dernière fille, Marguerite-Victoire, née en 1768, dans le même couvent que Agathe-Louise. Celle-ci se lie d’amitié avec sa jeune demi-sœur sans connaître le lien qui les unit. Les religieuses auraient ensuite accepté que Marie-Louise rencontre sa fille naturelle à condition de lui cacher qu’elle était sa mère. Cependant, Agathe-Louise aurait fini par découvrir sa véritable identité et, apprenant la chose, le roi ordonna une séparation définitive entre Marie-Louise et leur fille.
En novembre 1773, alors qu’Agathe-Louise est en âge de se marier, Louis XV lui octroie des lettres de reconnaissance et de maintenue de noblesse, afin que sa fille puisse faire un bon mariage. Mademoiselle de Saint-Antoine de Saint-André est alors considérée comme étant « issue de la plus ancienne noblesse ». Le roi maintient également Agathe-Louise « dans les titres et qualités de noble acquit par droit de sa naissance sans qu’elle puisse être tenue d’en rapporter d’autres titres ni preuves dont nous l’avons dispensé ». Agathe-Louise est belle, jeune, ressemble beaucoup à Louis XV d’après certains et est dorénavant riche, le souverain ayant constitué un capital de 223.000 livres à la jeune femme. Un projet de mariage est présenté au roi par sa favorite, la comtesse Du Barry : il s’agit d’unir Agathe-Louise à son neveu, Adolphe Du Barry, fils de Jean Du Barry dit « le Roué » et « l’une des plus mauvaises réputations du XVIIIe siècle ». Louis Yon s’oppose à ce projet, considérant les Du Barry comme « une famille de tarés ». C’est finalement Jean René, marquis de La Tour du Pin, qu’Agathe-Louise épouse le 27 décembre 1773. Sans rancune, la comtesse Du Barry facilite les débuts à la cour de la jeune marquise. Neuf mois après son mariage, Agathe-Louise meurt, probablement d’une fausse-couche, le 6 septembre 1774.
Bibliographie
– Louis XV, par Michel Antoine
– Le goût du roi : Louis XV et Marie-Louise O’ Murphy, par Camille Pascal
– Les bâtards de Louis XV et leur descendance, par Joseph Valynseele et Christophe Brun